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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Un des porteurs dit : « Là-bas », en indiquant fièrement la<br />

direction du temp<strong>le</strong>.<br />

L’onc<strong>le</strong> Gon humecta de salive la poignée de son <strong>sabre</strong>, <strong>et</strong><br />

tous deux se frayèrent un chemin à travers <strong>le</strong> cerc<strong>le</strong>.<br />

— Prenez votre temps, conseilla l’un des porteurs.<br />

— Il a l’air drô<strong>le</strong>ment fort, dit un autre.<br />

— Préparez-vous bien, fit un troisième.<br />

Tandis qu’ils adressaient à Osugi des paro<strong>le</strong>s<br />

d’encouragement <strong>et</strong> de soutien, <strong>le</strong>s spectateurs observaient la<br />

scène d’un air consterné.<br />

— <strong>La</strong> vieil<strong>le</strong> a-t-el<strong>le</strong> vraiment l’intention de défier en duel ce<br />

rōnin ?<br />

— Ça m’en a tout l’air.<br />

— Mais el<strong>le</strong> est si vieil<strong>le</strong> ! Même son second ne tient pas sur<br />

ses jambes ! Ils doivent avoir de bonnes raisons pour s’attaquer<br />

à un homme tel<strong>le</strong>ment plus jeune !<br />

— Ce doit être une querel<strong>le</strong> de famil<strong>le</strong> quelconque !<br />

— Regardez-moi ça ! <strong>La</strong> voilà qui tombe sur <strong>le</strong> vieux. Il y a<br />

des grand-mères qui ont vraiment du cœur au ventre, vous ne<br />

trouvez pas ?<br />

Un porteur accourut avec une louche d’eau pour Osugi.<br />

Après en avoir bu une gorgée, el<strong>le</strong> la tendit à l’onc<strong>le</strong> Gon en<br />

l’interpellant sévèrement :<br />

— Allons, ne t’agite pas : il n’y a aucune raison de s’agiter.<br />

Takezō n’est qu’un pantin. Oh ! il se peut qu’il ait un peu appris<br />

à se servir d’un <strong>sabre</strong>, mais pas tant que ça. Du calme !<br />

Ouvrant la marche, el<strong>le</strong> se rendit tout droit à l’escalier du<br />

devant du Hongandō, <strong>et</strong> s’assit sur <strong>le</strong>s marches, à moins de dix<br />

pas de Musashi. Sans accorder la moindre attention ni à lui ni à<br />

la fou<strong>le</strong> qui l’observait, el<strong>le</strong> sortit son chapel<strong>et</strong>, <strong>et</strong>, fermant <strong>le</strong>s<br />

yeux, se mit à remuer <strong>le</strong>s lèvres. Gagné par sa ferveur religieuse,<br />

l’onc<strong>le</strong> Gon joignit <strong>le</strong>s mains <strong>et</strong> l’imita.<br />

Le spectac<strong>le</strong> se révéla un p<strong>et</strong>it peu trop mélodramatique, <strong>et</strong><br />

l’un des spectateurs se mit à ricaner sous cape. Aussitôt, l’un des<br />

porteurs se r<strong>et</strong>ourna <strong>et</strong> dit sur un ton de défi :<br />

— Il y a quelqu’un qui trouve ça drô<strong>le</strong> ? Il n’y a pas de quoi<br />

rire, espèce d’idiot ! <strong>La</strong> vieil<strong>le</strong> a fait tout <strong>le</strong> chemin du Mimasaka<br />

pour r<strong>et</strong>rouver <strong>le</strong> bon à rien qui s’est enfui avec la fiancée de son<br />

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