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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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faire est d’amener ce jeune démon ici même pour qu’il<br />

m’explique ce qui est arrivé à mon bien-aimé fils, <strong>et</strong> où il se<br />

trouve – en c<strong>et</strong> instant précis !<br />

— Comment vou<strong>le</strong>z-vous que je fasse ? Il n’est pas ici.<br />

— Mensonge éhonté ! cria la vieil<strong>le</strong> d’une voix suraiguë.<br />

Vous devez savoir où il est !<br />

— Mais je vous dis que non ! protesta Ogin.<br />

Sa voix tremblait, <strong>et</strong> ses yeux se remplissaient de larmes.<br />

El<strong>le</strong> se pencha en avant, souhaitant de toutes ses forces que son<br />

père fût encore vivant.<br />

Soudain, à la porte qui s’ouvrait sur la véranda, l’on<br />

entendit un craquement suivi d’un bruit de pas précipités.<br />

Les yeux d’Osugi lancèrent des éclairs, <strong>et</strong> Otsū fit mine de se<br />

<strong>le</strong>ver, mais on entendit ensuite un cri épouvantab<strong>le</strong> – aussi<br />

proche d’un hur<strong>le</strong>ment d’animal que la voix humaine est<br />

capab<strong>le</strong> d’en pousser.<br />

Un homme cria :<br />

— Attrapez-<strong>le</strong> !<br />

Puis on entendit d’autres bruits de pas, plusieurs autres,<br />

courir à travers la maison, accompagnés de craquements de<br />

branchages <strong>et</strong> de froissements de bambou.<br />

— C’est Takezō ! cria Osugi.<br />

Se re<strong>le</strong>vant d’un bond, el<strong>le</strong> foudroya du regard Ogin<br />

agenouillée.<br />

— ... Je savais qu’il était ici, dit-el<strong>le</strong> férocement. C’était aussi<br />

clair à mes yeux que <strong>le</strong> nez au milieu du visage. J’ignore<br />

pourquoi vous avez tenté de me <strong>le</strong> cacher, mais dites-vous bien<br />

que jamais je ne l’oublierai.<br />

El<strong>le</strong> s’élança vers la porte, qu’el<strong>le</strong> ouvrit avec fracas. Ce<br />

qu’el<strong>le</strong> vit à l’extérieur fit blêmir encore davantage son pâ<strong>le</strong><br />

visage. Un jeune homme aux jambes cuirassées gisait sur <strong>le</strong> dos<br />

par terre, manifestement mort, bien que <strong>le</strong> sang lui coulât<br />

encore des yeux <strong>et</strong> des narines. A en juger par l’aspect de son<br />

crâne fracassé, on l’avait tué d’un seul coup de <strong>sabre</strong> de bois.<br />

— ... Il y a là... il y a là un homme... un homme mort !<br />

bégaya-t-el<strong>le</strong>.<br />

Otsū apporta la lumière sur la véranda, <strong>et</strong> rejoignit Osugi<br />

qui, frappée de terreur, regardait fixement <strong>le</strong> cadavre. Ce n’était<br />

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