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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Au cours des dix jours qui restaient avant son rendez-vous à<br />

Kyoto, il avait <strong>le</strong> temps d’al<strong>le</strong>r constater si Shishido Baiken était<br />

bien c<strong>et</strong> oiseau rare : un homme véritab<strong>le</strong>, ou seu<strong>le</strong>ment un de<br />

plus parmi la multitude des vers mangeurs de riz qui habitent la<br />

terre.<br />

Il arriva tard dans la nuit à destination, au cœur des<br />

montagnes. Après avoir remercié <strong>le</strong> pa<strong>le</strong>frenier, il lui déclara<br />

qu’il pouvait disposer ; mais celui-ci répondit qu’il était si tard<br />

qu’il aimerait mieux accompagner Musashi à la maison qu’il<br />

cherchait, <strong>et</strong> passer la nuit sous l’auvent. Le <strong>le</strong>ndemain matin, il<br />

pourrait redescendre du col de Suzuka, <strong>et</strong>, avec un peu de<br />

chance, trouver en chemin une course de r<strong>et</strong>our. De toute<br />

manière, il faisait trop froid <strong>et</strong> trop sombre pour essayer de<br />

rentrer avant <strong>le</strong> jour.<br />

Musashi avait pitié de lui. Ils se trouvaient dans une vallée<br />

encaissée sur trois côtés ; dans quelque direction qu’allât <strong>le</strong><br />

pa<strong>le</strong>frenier, il lui faudrait grimper avec de la neige jusqu’aux<br />

genoux.<br />

— Dans ce cas, dit Musashi, venez avec moi.<br />

— Chez Shishido Baiken ?<br />

— Oui.<br />

— Merci, monsieur. Voyons si nous pouvons <strong>le</strong> trouver.<br />

Etant donné que Baiken tenait une forge, n’importe quel<br />

fermier de l’endroit aurait pu <strong>le</strong>ur indiquer <strong>le</strong> chemin ; mais à<br />

c<strong>et</strong>te heure de la nuit, tout <strong>le</strong> village était couché. Le seul signe<br />

de vie était <strong>le</strong> choc régulier d’un maill<strong>et</strong> contre un billot à fou<strong>le</strong>r.<br />

Ils se dirigèrent vers <strong>le</strong> son dans l’air glacé, <strong>et</strong> finirent par<br />

apercevoir une lumière.<br />

Il se trouva que c’était la maison du forgeron. Devant<br />

s’é<strong>le</strong>vait un tas de vieux métal, <strong>et</strong> <strong>le</strong> dessous des auvents était<br />

maculé de suie. Sur l’ordre de Musashi, <strong>le</strong> pa<strong>le</strong>frenier poussa la<br />

porte <strong>et</strong> entra. Dans la forge brûlait un feu ; une femme,<br />

tournant <strong>le</strong> dos aux flammes, foulait du linge.<br />

— Bonsoir, madame ! Ah ! vous avez du feu. Quel<strong>le</strong><br />

merveil<strong>le</strong> !<br />

Le pa<strong>le</strong>frenier alla droit à la forge.<br />

C<strong>et</strong>te intrusion soudaine fit sursauter la femme, qui lâcha<br />

son ouvrage.<br />

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