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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Dans l’Art de la Guerre, combattre n’est pas tout. Les<br />

hommes qui <strong>le</strong> croient, qui se contentent de nourriture à<br />

manger <strong>et</strong> d’un endroit pour dormir, ne sont que des<br />

vagabonds. Un étudiant sérieux se soucie beaucoup plus de<br />

former son âme <strong>et</strong> de discipliner son esprit que d’acquérir des<br />

ta<strong>le</strong>nts martiaux. Il doit apprendre toutes sortes de choses : la<br />

géographie, l’irrigation, <strong>le</strong>s sentiments de la population, ses us<br />

<strong>et</strong> coutumes, ses rapports avec <strong>le</strong> seigneur du pays. Il veut savoir<br />

ce qui se passe à l’intérieur du château, <strong>et</strong> non point seu<strong>le</strong>ment<br />

ce qui se passe à l’extérieur. Il veut, essentiel<strong>le</strong>ment, al<strong>le</strong>r<br />

partout où il <strong>le</strong> peut, <strong>et</strong> apprendre tout ce qu’il peut.<br />

Musashi se rendait compte que ce cours ne voulait sans<br />

doute pas dire grand-chose pour Jōtarō ; mais il estimait<br />

nécessaire d’être sincère avec l’enfant, <strong>et</strong> de ne pas lui répondre<br />

à demi. Devant <strong>le</strong>s nombreuses questions du p<strong>et</strong>it garçon, il ne<br />

montrait aucune impatience, <strong>et</strong>, tandis qu’ils se promenaient, il<br />

continuait de lui donner des réponses réfléchies <strong>et</strong> sérieuses.<br />

Quand ils eurent vu ce qu’il y avait à voir de l’extérieur du<br />

château de Koyagyū, véritab<strong>le</strong> nom de la Grande Maison, <strong>et</strong> bien<br />

admiré la vallée, ils reprirent <strong>le</strong> chemin de l’auberge.<br />

Il n’y avait qu’une auberge, mais vaste. <strong>La</strong> route était un<br />

segment de la grand-route d’Iga, <strong>et</strong> bien des gens qui se<br />

rendaient en pè<strong>le</strong>rinage au Jōruriji ou au Kasagidera y passaient<br />

la nuit. Le soir, on trouvait toujours dix ou douze chevaux de<br />

somme attachés aux arbres, près de l’entrée, ou sous l’auvent de<br />

la façade.<br />

<strong>La</strong> servante qui <strong>le</strong>s accompagna jusqu’à <strong>le</strong>ur chambre<br />

demanda :<br />

— Vous rentrez de promenade ?<br />

Avec ses pantalons de grimpeur, on aurait pu la prendre<br />

pour un garçon, n’eût été son obi rouge de fil<strong>le</strong>. Sans attendre la<br />

réponse, el<strong>le</strong> ajouta :<br />

— ... Vous pouvez prendre votre bain maintenant, si vous<br />

vou<strong>le</strong>z.<br />

Musashi se dirigea vers la sal<strong>le</strong> de bains tandis que Jōtarō,<br />

devinant là une nouvel<strong>le</strong> amie de son âge, demandait :<br />

— Comment t’appel<strong>le</strong>s-tu ?<br />

— Je ne sais pas, répondit la fil<strong>le</strong>.<br />

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