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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Oh ! vous êtes un ami à lui ?<br />

— Oui. Jusqu’à l’automne dernier, il avait un ermitage sur la<br />

colline de Kagura, à Shirakawa, où j’ai souvent été <strong>le</strong> voir. Il est<br />

aussi venu chez moi nombre de fois.<br />

Kojirō sourit.<br />

— Eh bien, alors, ce n’est pas tout à fait comme si nous nous<br />

rencontrions pour la première fois, vous ne trouvez pas ?<br />

— Non. Ittōsai parlait de vous assez souvent. Il disait qu’il y<br />

avait un homme d’Iwakuni, nommé Sasaki, qui avait appris <strong>le</strong><br />

sty<strong>le</strong> de Toda Seigen, puis étudié auprès de Kanemaki Jisai. Il<br />

me disait que ce Sasaki était <strong>le</strong> plus jeune élève de Jisai, mais<br />

qu’il serait un jour <strong>le</strong> seul escrimeur capab<strong>le</strong> d’affronter Ittōsai.<br />

— Je ne vois toujours pas comment vous m’avez reconnu<br />

aussi vite.<br />

— Eh bien, vous êtes jeune, <strong>et</strong> vous correspondez à la<br />

description. Vous voir marner c<strong>et</strong>te longue épée m’a rappelé que<br />

l’on vous appel<strong>le</strong> aussi Ganryū : « <strong>le</strong> sau<strong>le</strong> au bord de la<br />

rivière ». Quelque chose me disait que ce devait être vous, <strong>et</strong><br />

j’avais raison.<br />

— Stupéfiant. Vraiment stupéfiant.<br />

Tandis qu’il riait de ravissement, <strong>le</strong>s yeux de Kojirō<br />

tombèrent sur son épée ensanglantée, qui lui rappela qu’il y<br />

avait eu combat, <strong>et</strong> lui fit se demander comment ils<br />

arrangeraient tout cela. Mais il se trouva que lui <strong>et</strong> Seijūrō<br />

s’entendirent si bien qu’ils en arrivèrent bientôt à un accord, <strong>et</strong><br />

qu’au bout de quelques minutes ils longeaient la digue épau<strong>le</strong><br />

contre épau<strong>le</strong>, comme de vieux amis. Derrière eux venaient<br />

Ryōhei <strong>et</strong> <strong>le</strong>s trois discip<strong>le</strong>s découragés. Le p<strong>et</strong>it groupe se<br />

dirigea vers Kyoto. Kojirō disait :<br />

— Dès <strong>le</strong> début, je n’ai rien compris à la raison de ce<br />

combat. Je n’avais rien contre eux.<br />

Seijūrō songeait à la conduite récente de Gion Tōji.<br />

— Tōji m’écœure, disait-il. En rentrant, je lui demanderai<br />

des explications. Je vous en prie, ne croyez pas que je vous en<br />

veuil<strong>le</strong> <strong>le</strong> moins du monde. Simp<strong>le</strong>ment, je suis mortifié de<br />

constater que <strong>le</strong>s hommes de mon éco<strong>le</strong> ne sont pas mieux<br />

disciplinés.<br />

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