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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Non ! Qu’as-tu fait jusqu’à maintenant qui témoigne<br />

d’une fierté quelconque ?<br />

— Mon Dieu, je ne suis pas aussi bon à rien que tu parais <strong>le</strong><br />

croire, mais comment <strong>le</strong> saurais-tu ?<br />

— Comment <strong>le</strong> saurais-je ? Eh bien, nul ne connaît un<br />

enfant mieux que ses parents, <strong>et</strong> je crois que <strong>le</strong> jour où tu es né a<br />

été un jour noir pour la Maison de Hon’iden !<br />

— Un peu de patience ! Je suis jeune encore. Un jour, quand<br />

tu seras morte <strong>et</strong> enterrée, tu regr<strong>et</strong>teras d’avoir dit ça.<br />

— Ha ! que <strong>le</strong> ciel t’entende ! Mais je doute qu’en cent ans<br />

cela se produise. Quel<strong>le</strong> tristesse, quand on y réfléchit !<br />

— Eh bien, si tu es aussi désolée d’avoir un fils tel que moi, à<br />

quoi bon rester davantage ? Je pars !<br />

Ecumant de fureur, il se <strong>le</strong>va <strong>et</strong> s’éloigna à longues<br />

enjambées résolues.<br />

Prise de court, la vieil<strong>le</strong> femme essaya d’une voix tremblante<br />

<strong>et</strong> pitoyab<strong>le</strong> de <strong>le</strong> rappe<strong>le</strong>r. Matahachi n’en tint aucun compte.<br />

L’onc<strong>le</strong> Gon, qui aurait pu courir pour tenter de l’arrêter, restait<br />

debout à regarder intensément en direction de la mer, l’esprit<br />

ail<strong>le</strong>urs, semblait-il. Osugi se <strong>le</strong>va puis se rassit.<br />

— N’essaie pas de l’arrêter, dit-el<strong>le</strong> inuti<strong>le</strong>ment à l’onc<strong>le</strong><br />

Gon. Ça ne servirait à rien.<br />

L’onc<strong>le</strong> Gon se tourna vers el<strong>le</strong>, mais, au lieu de répondre,<br />

dit :<br />

— C<strong>et</strong>te jeune fil<strong>le</strong>, là-bas, se comporte d’une bien drô<strong>le</strong> de<br />

façon. Attends-moi une minute !<br />

Avant d’avoir terminé sa phrase, il avait j<strong>et</strong>é son chapeau<br />

sous l’auvent de la boutique, <strong>et</strong> s’était élancé comme une flèche<br />

en direction de l’eau.<br />

— Espèce d’idiot ! cria Osugi. Où vas-tu ? Matahachi est...<br />

El<strong>le</strong> partit à sa poursuite, mais, à une vingtaine de mètres de<br />

la boutique, se prit <strong>le</strong> pied dans une touffe d’algues, <strong>et</strong> tomba la<br />

tête la première. El<strong>le</strong> se re<strong>le</strong>va en maugréant, la face <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

épau<strong>le</strong>s couvertes de sab<strong>le</strong>. En revoyant l’onc<strong>le</strong> Gon, el<strong>le</strong> ouvrit<br />

des yeux grands comme des soucoupes.<br />

— ... Espèce de vieil imbéci<strong>le</strong> ! Où vas-tu ? As-tu perdu<br />

l’esprit ? glapissait-el<strong>le</strong>.<br />

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