14.12.2018 Views

La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

Musashi entendait jouer au jeu de bal<strong>le</strong> appelé kemari, des<br />

coups sourds que l’on percevait souvent derrière <strong>le</strong>s murs des<br />

résidences nob<strong>le</strong>s. Entendre cela chez un marchand surprenait<br />

<strong>le</strong> jeune homme.<br />

Une fois à l’intérieur de la maison, on l’introduisit dans une<br />

sal<strong>le</strong> qui donnait sur <strong>le</strong> jardin. Deux serviteurs entrèrent,<br />

porteurs de thé <strong>et</strong> de gâteaux ; l’un d’eux <strong>le</strong>s informa que <strong>le</strong>ur<br />

hôte ne tarderait pas à <strong>le</strong>s rejoindre. Musashi devinait, aux<br />

manières de ces domestiques, qu’ils étaient impeccab<strong>le</strong>ment<br />

stylés.<br />

— Il fait bien froid, maintenant que <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il s’est couché,<br />

vous ne trouvez pas ? murmura Kō<strong>et</strong>su.<br />

Il aurait voulu faire clore <strong>le</strong> shoji mais ne <strong>le</strong> demanda pas<br />

car la vue des f<strong>le</strong>urs de pruniers semblait réjouir Musashi.<br />

Kō<strong>et</strong>su tourna aussi <strong>le</strong>s yeux vers la vue.<br />

— ... Je vois des nuages au-dessus du mont Hiei, remarquat-il.<br />

Je croirais volontiers qu’ils viennent du nord. Vous n’avez<br />

pas froid ?<br />

— Non, pas spécia<strong>le</strong>ment, répondit avec candeur Musashi,<br />

sans deviner à quoi son compagnon faisait allusion.<br />

Un serviteur apporta un candélabre, <strong>et</strong> Kō<strong>et</strong>su en profita<br />

pour fermer <strong>le</strong> shoji. Musashi prit conscience de l’atmosphère<br />

qui régnait dans la maison, une atmosphère paisib<strong>le</strong> <strong>et</strong><br />

cha<strong>le</strong>ureuse. Il se détendit en écoutant <strong>le</strong>s voix rieuses qui<br />

venaient de l’intérieur, frappé par la complète absence<br />

d’ostentation. Le décor <strong>et</strong> l’environnement semblaient avoir été<br />

voulus aussi simp<strong>le</strong>s que possib<strong>le</strong>. Musashi se serait cru dans la<br />

grand-sal<strong>le</strong> d’une vaste ferme campagnarde.<br />

Haiya Shōyū entra dans la pièce en déclarant :<br />

— Je regr<strong>et</strong>te de vous avoir fait attendre aussi longtemps.<br />

Sa voix directe, cordia<strong>le</strong>, juvéni<strong>le</strong>, était <strong>le</strong> contraire exact de<br />

la voix traînante <strong>et</strong> douce de Kō<strong>et</strong>su. Maigre comme un<br />

échassier, il avait peut-être dix ans de plus que son ami, mais il<br />

était beaucoup plus jovial. Kō<strong>et</strong>su lui ayant expliqué qui était<br />

Musashi, il s’écria :<br />

— Oh ! ainsi vous êtes un neveu de Matsuo Kaname ? Je <strong>le</strong><br />

connais fort bien.<br />

690

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!