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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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mit la puce à l’oreil<strong>le</strong> de Takezō ; il regarda par une fente de la<br />

porte. Ses cheveux se dressèrent sur sa tête.<br />

— Je suis pris au piège ! s’écria-t-il.<br />

Il se trouvait nu comme un ver, la maison de bains était<br />

minuscu<strong>le</strong>, <strong>et</strong> il n’avait pas <strong>le</strong> temps de réfléchir. De l’autre côté<br />

de la porte il avait aperçu ce qui lui semblait être une fou<strong>le</strong><br />

d’hommes armés de gourdins, de lances <strong>et</strong> de matraques.<br />

— ... Très bien, espèces de salauds, vous al<strong>le</strong>z voir ce que<br />

vous al<strong>le</strong>z voir, gronda-t-il.<br />

Peu lui importait de savoir combien ils étaient. Ici comme<br />

ail<strong>le</strong>urs, la seu<strong>le</strong> chose qu’il savait faire était d’attaquer plutôt<br />

que d’être attaqué. Tandis que ceux qui voulaient <strong>le</strong> capturer<br />

s’avançaient l’un derrière l’autre, au-dehors, il ouvrit<br />

brusquement la porte d’un coup de pied, <strong>et</strong> bondit en hurlant un<br />

terrifiant cri de guerre. Toujours nu, ses cheveux mouillés<br />

flottant en tous sens, il empoigna <strong>et</strong> arracha la première lance<br />

que l’on pointa vers lui, envoyant son propriétaire vo<strong>le</strong>r dans <strong>le</strong>s<br />

buissons. Fermement agrippé à l’arme, il tourbillonna comme<br />

un derviche tourneur en frappant quiconque approchait. Il avait<br />

appris à Sekigahara que c<strong>et</strong>te méthode était d’une étonnante<br />

efficacité face à un ennemi supérieur en nombre, <strong>et</strong> que la<br />

hampe d’une lance pouvait être souvent plus uti<strong>le</strong> que son fer.<br />

Les assaillants, s’apercevant trop tard de l’erreur qu’ils<br />

avaient commise en n’envoyant pas d’abord trois ou quatre<br />

hommes envahir la maison de bains, s’encourageaient l’un<br />

l’autre de la voix. Mais il était clair qu’ils avaient été déjoués.<br />

Quand, pour la dixième fois environ, l’arme de Takezō entra<br />

en contact avec <strong>le</strong> sol, el<strong>le</strong> se brisa. Il saisit alors une grosse<br />

<strong>pierre</strong> <strong>et</strong> la lança aux hommes, qui donnaient déjà des signes de<br />

relâchement.<br />

— Regardez, il a couru dans la maison ! cria l’un d’eux,<br />

tandis qu’Osugi <strong>et</strong> sa bru se précipitaient au jardin de derrière.<br />

Takezō s’élançait en trombe à travers la maison dans un<br />

vacarme épouvantab<strong>le</strong> en hurlant :<br />

— Où sont mes vêtements ? Rendez-moi mes vêtements !<br />

Il y avait çà <strong>et</strong> là des vêtements de travail, sans par<strong>le</strong>r d’un<br />

coffre ouvragé contenant des kimonos, mais Takezō ne <strong>le</strong>ur<br />

accorda aucune attention. Dans la pénombre il se fatiguait <strong>le</strong>s<br />

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