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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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la poitrine avec une force dont el<strong>le</strong>-même ne se savait point<br />

capab<strong>le</strong>.<br />

Baiken, encore en train de s’essuyer la figure, perdit<br />

l’équilibre ; en c<strong>et</strong> instant, Otsū saisit la poignée de son <strong>sabre</strong>.<br />

— Garce ! aboya-t-il en cherchant à lui saisir <strong>le</strong> poign<strong>et</strong>.<br />

Alors, il hurla de dou<strong>le</strong>ur : <strong>le</strong> <strong>sabre</strong> était déjà parti hors de<br />

son fourreau, <strong>et</strong> au heu du bras d’Otsū, sa main serrait la lame.<br />

Les bouts de deux doigts de sa main droite tombèrent par terre.<br />

Tenant sa main sanglante, il bondit en arrière, ce qui tira <strong>le</strong><br />

<strong>sabre</strong> de son fourreau. L’éclair d’acier jailli de la main d’Otsū<br />

zébra <strong>le</strong> sol <strong>et</strong> s’immobilisa derrière el<strong>le</strong>.<br />

Baiken avait commis une gaffe encore pire que la nuit<br />

précédente. Maudissant son imprudence, il chercha à se re<strong>le</strong>ver.<br />

Otsū, qui n’avait maintenant plus peur de rien, balançait<br />

latéra<strong>le</strong>ment la lame vers lui. Mais il s’agissait d’une grosse<br />

arme à large lame, longue de près d’un mètre, <strong>et</strong> que tous <strong>le</strong>s<br />

hommes n’auraient pu marner faci<strong>le</strong>ment. Baiken esquiva ; <strong>le</strong>s<br />

mains d’Otsū hésitèrent, <strong>et</strong> el<strong>le</strong> trébucha en avant. El<strong>le</strong> sentit<br />

soudain ses poign<strong>et</strong>s fléchir, <strong>et</strong> un sang rouge noirâtre lui jaillit<br />

au visage. Après un instant d’étourdissement, el<strong>le</strong> se rendit<br />

compte que <strong>le</strong> <strong>sabre</strong> avait entaillé la croupe de la jument.<br />

<strong>La</strong> b<strong>le</strong>ssure était peu profonde, mais la jument fit un<br />

vacarme de tous <strong>le</strong>s diab<strong>le</strong>s, se cabra <strong>et</strong> rua furieusement.<br />

Baiken, poussant des cris inarticulés, saisit <strong>le</strong> poign<strong>et</strong> d’Otsū<br />

pour essayer de lui reprendre son <strong>sabre</strong> ; mais à c<strong>et</strong> instant, la<br />

jument <strong>le</strong>s envoya l’un <strong>et</strong> l’autre dans <strong>le</strong>s airs. Puis, debout sur<br />

ses jambes de derrière, el<strong>le</strong> poussa un vio<strong>le</strong>nt hennissement <strong>et</strong><br />

partit comme une flèche sur la route, Jōtarō sinistrement<br />

cramponné à son dos, <strong>et</strong> laissant derrière el<strong>le</strong> une tramée<br />

sanglante.<br />

Baiken titubait dans la poussière. Il savait qu’il ne pourrait<br />

pas rattraper la bête affolée ; aussi tourna-t-il ses regards<br />

furieux vers l’endroit où s’était trouvée Otsū. El<strong>le</strong> ne s’y trouvait<br />

plus.<br />

Au bout d’un moment, il aperçut son <strong>sabre</strong> au pied d’un<br />

mélèze, <strong>et</strong> se précipita pour <strong>le</strong> ramasser. Comme il se re<strong>le</strong>vait,<br />

un déclic se fit dans son esprit : il devait y avoir un lien<br />

quelconque entre c<strong>et</strong>te femme <strong>et</strong> Musashi ! Et si el<strong>le</strong> était l’amie<br />

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