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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Sans autre forme de procès, il attaqua <strong>et</strong> vainquit Sekishūsai<br />

pour la troisième fois. De ce jour, Sekishūsai renonça à<br />

l’approche égotiste de l’escrime ; comme il <strong>le</strong> rappelait plus tard,<br />

de là datait son premier aperçu sur <strong>le</strong> véritab<strong>le</strong> Art de la Guerre.<br />

Sur <strong>le</strong>s vives instances de Sekishūsai, <strong>le</strong> seigneur Kōizumi<br />

demeura six mois à Koyagyū ; durant ce temps, Sekishūsai<br />

étudia avec un zè<strong>le</strong> exclusif de néophyte. Quand fina<strong>le</strong>ment il<br />

partit, <strong>le</strong> seigneur Kōizumi déclara :<br />

— Ma voie de l’escrime est encore imparfaite. Vous êtes<br />

jeune, <strong>et</strong> vous devriez tenter de la parfaire.<br />

Il proposa alors à Sekishūsai une énigme Zen : « Qu’est-ce<br />

qu’un <strong>sabre</strong> qui combat sans <strong>sabre</strong> ? »<br />

Sekishūsai médita là-dessus nombre d’années, envisageant<br />

la question sous tous ses ang<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> parvint fina<strong>le</strong>ment à une<br />

réponse qui <strong>le</strong> satisfit. Quand <strong>le</strong> seigneur Kōizumi revint <strong>le</strong> voir,<br />

Sekishūsai l’accueillit avec un regard clair, serein, <strong>et</strong> lui proposa<br />

de croiser <strong>le</strong> fer. Sa Seigneurie <strong>le</strong> scruta quelques instants, <strong>et</strong><br />

dit :<br />

— Non, ce serait inuti<strong>le</strong>. Vous avez découvert la vérité !<br />

Alors, il offrit à Sekishūsai <strong>le</strong> certificat <strong>et</strong> <strong>le</strong> manuel en<br />

quatre volumes ; ainsi naquit <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> Yagyū, <strong>le</strong>quel, à son tour,<br />

donna naissance au paisib<strong>le</strong> mode de vie de Sekishūsai dans sa<br />

vieil<strong>le</strong>sse.<br />

Si Sekishūsai habitait un chal<strong>et</strong> montagnard, c’est qu’il<br />

n’aimait plus l’imposant château, avec toute sa pompe. Malgré<br />

son amour quasi taoïste de la r<strong>et</strong>raite, il était heureux d’avoir la<br />

compagnie de la jeune fil<strong>le</strong> que Shōda Kizaemon avait amenée<br />

pour lui jouer de la flûte, car el<strong>le</strong> était réfléchie, polie <strong>et</strong> jamais<br />

gênante. Non seu<strong>le</strong>ment son jeu lui faisait un immense plaisir,<br />

mais el<strong>le</strong> ajoutait à la maisonnée une touche bienvenue de<br />

jeunesse <strong>et</strong> de féminité. Quelquefois, el<strong>le</strong> parlait de partir ; mais<br />

il lui disait toujours de rester encore un peu.<br />

Tout en achevant de disposer dans un vase d’Iga une unique<br />

pivoine, Sekishūsai demanda à Otsū :<br />

— Qu’en pensez-vous ? Mon arrangement floral est-il<br />

vivant ?<br />

Debout derrière lui, el<strong>le</strong> dit :<br />

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