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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Le Hōzōin<br />

Tous ceux qui étudiaient <strong>le</strong>s arts martiaux avaient entendu<br />

par<strong>le</strong>r du Hōzōin. Pour un homme qui se prétendait un étudiant<br />

sérieux, <strong>le</strong> citer comme un simp<strong>le</strong> temp<strong>le</strong> parmi d’autres<br />

suffisait à <strong>le</strong> faire considérer comme un imposteur. Il était aussi<br />

bien connu de la population loca<strong>le</strong> ; pourtant, chose assez<br />

curieuse, rares étaient ceux qui connaissaient <strong>le</strong> beaucoup plus<br />

important Reposoir de Shōsōin, <strong>et</strong> sa col<strong>le</strong>ction sans prix<br />

d’obj<strong>et</strong>s d’art anciens.<br />

Le temp<strong>le</strong> s’é<strong>le</strong>vait sur la colline Abura dans une épaisse <strong>et</strong><br />

vaste forêt de cryptomerias. C’était juste <strong>le</strong> genre d’endroit que<br />

pouvaient habiter <strong>le</strong>s lutins. Là se trouvaient aussi des vestiges<br />

des gloires de la période Nara – <strong>le</strong>s ruines d’un temp<strong>le</strong>, <strong>le</strong><br />

Ganrin’in, <strong>et</strong> des énormes bains publics édifiés par l’impératrice<br />

Kōmyō pour <strong>le</strong>s pauvres ; mais aujourd’hui, il n’en subsistait<br />

que <strong>le</strong>s fondations qu’on devinait à travers la mousse <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

mauvaises herbes.<br />

Musashi n’eut aucune peine à se faire indiquer la colline<br />

Abura ; mais une fois là, il regarda autour de lui, désorienté, car<br />

beaucoup d’autres temp<strong>le</strong>s se nichaient dans la forêt. Les<br />

cryptomerias, ayant survécu à l’hiver, avaient été baignés par <strong>le</strong>s<br />

premières pluies du printemps, <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs feuil<strong>le</strong>s présentaient<br />

maintenant <strong>le</strong>ur teinte la plus foncée. Au-dessus d’eux, l’on<br />

devinait dans <strong>le</strong> crépuscu<strong>le</strong> proche <strong>le</strong>s douces courbes féminines<br />

du mont Kasuga. Un brillant so<strong>le</strong>il éclairait encore <strong>le</strong>s<br />

montagnes éloignées.<br />

Aucun de ces temp<strong>le</strong>s n’avait l’air d’être <strong>le</strong> bon ; pourtant,<br />

Musashi alla de portail en portail examiner <strong>le</strong>s écriteaux où<br />

<strong>le</strong>urs noms se trouvaient inscrits. Il avait <strong>le</strong> Hōzōin si présent à<br />

l’esprit que lorsqu’il vit l’écriteau de l’Ozōin, il se trompa<br />

d’abord étant donné que seul, <strong>le</strong> premier caractère, l’Ô, différait.<br />

Il eut beau s’apercevoir aussitôt de son erreur, il j<strong>et</strong>a un coup<br />

d’œil à l’intérieur. L’Ozōin semblait appartenir à la secte<br />

Nichiren ; pour autant que Musashi <strong>le</strong> savait, <strong>le</strong> Hōzōin était un<br />

temp<strong>le</strong> Zen, sans rapport avec Nichiren.<br />

Comme il se tenait là, un jeune moine qui rentrait à l’Ozōin<br />

passa à côté de lui en <strong>le</strong> considérant d’un air soupçonneux.<br />

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