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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Une fois qu’ils furent dehors, Kō<strong>et</strong>su repassa la tête par la<br />

p<strong>et</strong>ite porte qui s’ouvrait dans la grande, <strong>et</strong> appela :<br />

— Mère !<br />

— As-tu oublié quelque chose ? demanda-t-el<strong>le</strong>.<br />

— Non, je me disais seu<strong>le</strong>ment : si tu es inquiète à mon<br />

suj<strong>et</strong>, je pourrais envoyer un messager à Shōyū pour lui dire que<br />

je n’y puis al<strong>le</strong>r ce soir.<br />

— Oh ! non. Je crains davantage qu’il n’arrive quelque chose<br />

à Musashi. Mais je ne crois pas qu’il reviendrait si tu essayais de<br />

l’arrêter. Va, <strong>et</strong> amuse-toi bien !<br />

Kō<strong>et</strong>su rattrapa Musashi ; tandis qu’ils longeaient<br />

rapidement la rivière, il lui dit :<br />

— <strong>La</strong> maison de Shōyū est juste au bout de la route, entre<br />

l’avenue Ichijō <strong>et</strong> la rue Horikawa. Il doit être en train de se<br />

préparer ; entrons donc <strong>le</strong> prendre. C’est sur notre chemin.<br />

Il faisait encore jour <strong>et</strong> la marche au long de la rivière était<br />

d’autant plus agréab<strong>le</strong> qu’ils se trouvaient tota<strong>le</strong>ment libres à<br />

une heure où tous <strong>le</strong>s autres étaient occupés.<br />

— Je connais de nom Haiya Shōyū, dit Musashi, mais en<br />

réalité je ne sais rien de lui.<br />

— Cela m’étonnerait que vous n’en ayez pas entendu par<strong>le</strong>r.<br />

Il est célèbre pour <strong>le</strong>s distiques qu’il compose.<br />

— Ah ! Alors, c’est un poète ?<br />

— Oui, mais bien sûr il ne vit pas des vers qu’il écrit. Il est<br />

d’une vieil<strong>le</strong> famil<strong>le</strong> de marchands de Kyoto.<br />

— D’où lui vient ce nom de Haiya ?<br />

— C’est <strong>le</strong> nom de son entreprise.<br />

— Que vend-il ?<br />

— Son nom signifie « marchand de cendre », <strong>et</strong> voilà ce qu’il<br />

vend... de la cendre.<br />

— De la cendre ?<br />

— Oui, el<strong>le</strong> sert à teindre <strong>le</strong>s étoffes. C’est une affaire<br />

importante. Il vend à la corporation des teinturiers dans tout <strong>le</strong><br />

pays. Au début de la période Ashikaga, <strong>le</strong> commerce de la<br />

cendre était dirigé par un agent du Shōgun ; mais plus tard, il<br />

est passé à des grossistes privés. A Kyoto, il y a trois grands<br />

marchands de gros, <strong>et</strong> Shōyū est l’un d’eux. Lui-même n’a pas<br />

besoin de travail<strong>le</strong>r, bien entendu. Il est r<strong>et</strong>iré, <strong>et</strong> mène une<br />

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