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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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famil<strong>le</strong> ; aussi, une corde se trouvait-el<strong>le</strong> suspendue au-dessus<br />

de l’entrée, comme dans <strong>le</strong>s sanctuaires Shinto.<br />

Quatre jours s’écoulèrent, presque sans que Musashi s’en<br />

rendît compte, <strong>et</strong> <strong>le</strong> jeune homme résolut de prendre congé.<br />

Mais avant qu’il n’eût eu l’occasion d’en par<strong>le</strong>r, Kō<strong>et</strong>su lui<br />

déclara :<br />

— Ici, ce n’est guère amusant pour vous, mais si cela ne vous<br />

ennuie pas, je vous en prie, restez aussi longtemps qu’il vous<br />

plaira. Il y a de vieux livres <strong>et</strong> des bibelots dans mon cabin<strong>et</strong> de<br />

travail. Si vous avez envie de <strong>le</strong>s regarder, ne vous gênez pas. Et<br />

demain ou après-demain, je vais passer au feu des bols à thé <strong>et</strong><br />

des plats. Cela vous amusera peut-être de venir voir. Vous<br />

trouverez la céramique presque aussi intéressante que <strong>le</strong>s<br />

<strong>sabre</strong>s. Peut-être pourriez-vous mode<strong>le</strong>r vous-même une ou<br />

deux pièces.<br />

Touché par la bonne grâce de c<strong>et</strong>te invitation, <strong>et</strong> par<br />

l’assurance donnée par son hôte que nul ne s’offenserait s’il<br />

décidait de s’en al<strong>le</strong>r d’une seconde à l’autre, Musashi se permit<br />

de rester pour jouir de c<strong>et</strong>te atmosphère détendue. Il était loin<br />

de s’ennuyer. Le cabin<strong>et</strong> de travail contenait des livres en<br />

chinois <strong>et</strong> en japonais, des peintures sur rou<strong>le</strong>aux de la période<br />

Kamakura, des frottis de calligraphies dus à des maîtres de la<br />

Chine ancienne, <strong>et</strong> des douzaines d’autres obj<strong>et</strong>s dont n’importe<br />

<strong>le</strong>quel eût à lui seul fait <strong>le</strong> bonheur du jeune homme durant un<br />

jour ou deux. Une peinture suspendue au sein de l’alcôve<br />

l’attirait particulièrement. Intitulée Châtaignes, el<strong>le</strong> était du<br />

maître Sung Liang-k’ai. P<strong>et</strong>ite, environ soixante centimètres de<br />

haut sur soixante-quinze de large, el<strong>le</strong> était si vieil<strong>le</strong> que l’on ne<br />

pouvait dire sur quel papier el<strong>le</strong> était dessinée. Assis devant el<strong>le</strong>,<br />

Musashi la contempla durant des heures. Enfin, un jour, il dit à<br />

Kō<strong>et</strong>su :<br />

— Je suis bien certain qu’aucun amateur ordinaire ne<br />

saurait peindre <strong>le</strong> genre de tab<strong>le</strong>aux que vous peignez, mais je<br />

me demande si moi-même, je saurais dessiner quelque chose<br />

d’aussi simp<strong>le</strong> que c<strong>et</strong>te œuvre-là.<br />

— C’est l’inverse, lui répondit Kō<strong>et</strong>su. N’importe qui<br />

pourrait apprendre à peindre aussi bien que moi, mais la<br />

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