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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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du Hōryūji, <strong>et</strong> Ban Dan’emon au Kōfukuji. Je pourrais vous en<br />

citer bien d’autres.<br />

Tous ceux-là étaient des hommes marqués, qui seraient tués<br />

instantanément s’ils se montraient ; <strong>le</strong>ur unique espoir<br />

consistait en une reprise de la guerre.<br />

Le vieillard estimait que <strong>le</strong> pire n’était pas ces rōnins<br />

célèbres qui se cachaient : tous jouissaient d’un certain<br />

prestige ; ils pouvaient gagner <strong>le</strong>ur vie <strong>et</strong> cel<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur famil<strong>le</strong>.<br />

Mais <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au se compliquait du fait des samouraïs indigents<br />

qui rôdaient par <strong>le</strong>s ruel<strong>le</strong>s de la vil<strong>le</strong>, dans un tel état de misère<br />

qu’ils vendaient <strong>le</strong>ur <strong>sabre</strong> s’ils <strong>le</strong> pouvaient. <strong>La</strong> moitié d’entre<br />

eux s’adonnaient à la bagarre, au jeu, troublaient la paix dans<br />

l’espoir que <strong>le</strong>s désordres qu’ils provoquaient amèneraient <strong>le</strong>s<br />

forces d’Osaka à reprendre <strong>le</strong>s armes. <strong>La</strong> vil<strong>le</strong> de Nara, autrefois<br />

tranquil<strong>le</strong>, était devenue un repaire de têtes brûlées. Pour une<br />

gentil<strong>le</strong> jeune fil<strong>le</strong> comme Otsū, s’y rendre équivaudrait à verser<br />

de l’hui<strong>le</strong> sur son kimono <strong>et</strong> à se j<strong>et</strong>er au feu. Le patron de la<br />

maison de thé, ému par son propre récit, conclut en suppliant<br />

Otsū de changer d’avis.<br />

Hésitante, cel<strong>le</strong>-ci resta assise en si<strong>le</strong>nce un moment. Eûtel<strong>le</strong><br />

eu <strong>le</strong> moindre indice de la présence à Nara de Musashi, el<strong>le</strong><br />

n’eût pas tenu compte du péril. Mais en réalité, el<strong>le</strong> n’avait rien<br />

sur quoi s’appuyer. El<strong>le</strong> ne faisait que se diriger au hasard vers<br />

Nara – tout comme el<strong>le</strong> avait parcouru au hasard divers autres<br />

lieux depuis un an que Musashi l’avait abandonnée sur <strong>le</strong> pont<br />

de Himeji.<br />

Shōda, voyant son expression perp<strong>le</strong>xe, lui demanda :<br />

— Vous avez bien dit que vous vous appeliez Otsū, n’est-ce<br />

pas ?<br />

— Oui.<br />

— Eh bien, Otsū, j’hésite à vous faire c<strong>et</strong>te proposition, mais<br />

pourquoi ne renoncez-vous pas à vous rendre à Nara, <strong>et</strong> ne<br />

m’accompagnez-vous pas à la place au fief de Koyagyū ?<br />

Se sentant obligé de lui en dire davantage sur lui-même, <strong>et</strong><br />

de l’assurer que ses intentions étaient honorab<strong>le</strong>s, il continua :<br />

— ... Mon nom compl<strong>et</strong> est Shōda Kizaemon, <strong>et</strong> je suis au<br />

service de la famil<strong>le</strong> Yagyū. Il se trouve que mon seigneur,<br />

aujourd’hui âgé de quatre-vingts ans, a cessé toute activité. Il<br />

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