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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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du centre politique <strong>et</strong> économique du pays, de robustes<br />

samouraïs menaient depuis plusieurs décennies une saine<br />

existence rura<strong>le</strong> en conservant <strong>le</strong>s vertus anciennes, en<br />

corrigeant <strong>le</strong>urs points faib<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> en se développant.<br />

Avec <strong>le</strong>s années, Koyagyū avait produit Yagyū Muneyoshi,<br />

un grand maître des arts martiaux, <strong>et</strong> son fils <strong>le</strong> seigneur<br />

Munenori de Tajima, dont Ieyasu lui-même avait reconnu la<br />

prouesse. Il y avait aussi <strong>le</strong>s fils aînés de Muneyoshi,<br />

Gorōzaemon <strong>et</strong> Toshikatsu, célèbres dans tout <strong>le</strong> pays pour <strong>le</strong>ur<br />

bravoure, <strong>et</strong> son p<strong>et</strong>it-fils Hyōgo Toshitoshi dont <strong>le</strong>s prodigieux<br />

exploits lui avaient valu une position richement payée sous <strong>le</strong><br />

fameux général Katō Kiyomasa de Higo. Pour la gloire <strong>et</strong> <strong>le</strong><br />

prestige, la Maison de Yagyū n’égalait pas la maison de<br />

Yoshioka, mais quant aux capacités la différence appartenait au<br />

passé. Denshichirō <strong>et</strong> ses compagnons ne se doutaient pas de<br />

<strong>le</strong>ur propre arrogance. Néanmoins, Musashi avait un peu pitié<br />

d’eux.<br />

Il passa dans un ang<strong>le</strong> où l’eau arrivait dans la pièce. Il défit<br />

son serre-tête, prit une poignée d’argi<strong>le</strong>, <strong>et</strong> commença de se<br />

frotter <strong>le</strong> cuir chevelu. Pour la première fois depuis de<br />

nombreuses semaines, il s’offrait <strong>le</strong> luxe d’un bon shampooing.<br />

Entre-temps, <strong>le</strong>s hommes de Kyoto terminaient <strong>le</strong>ur bain.<br />

— Ah ! ça fait du bien.<br />

— Tu l’as dit. Et maintenant, si nous faisions venir des fil<strong>le</strong>s<br />

pour nous servir notre saké ?<br />

— Une idée de génie ! De génie !<br />

Tous trois achevèrent de se sécher, <strong>et</strong> s’en allèrent. Après<br />

s’être bien lavé <strong>et</strong> rincé de nouveau à l’eau chaude, Musashi se<br />

sécha, lui aussi, lia ses cheveux, <strong>et</strong> regagna sa chambre. Là, il<br />

trouva Kocha en larmes.<br />

— Qu’est-ce qui t’arrive ?<br />

— C’est votre garçon, monsieur. Regardez où il m’a frappée !<br />

— C’est un mensonge ! cria Jōtarō, furieux, de l’ang<strong>le</strong><br />

opposé.<br />

Musashi allait <strong>le</strong> gronder, mais Jōtarō protesta :<br />

— ... C<strong>et</strong>te crétine vous a traité de mauvi<strong>et</strong>te !<br />

— Ce n’est pas vrai. Je n’ai jamais dit ça.<br />

— Si, tu l’as dit !<br />

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