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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Au bout d’un moment, il parut se rappe<strong>le</strong>r autre chose :<br />

— ... Avez-vous j<strong>et</strong>é la pivoine ? demanda-t-il.<br />

El<strong>le</strong> expliqua qu’el<strong>le</strong> l’avait donnée à la servante de<br />

l’auberge, <strong>et</strong> il approuva de la tête.<br />

— Le fils Yoshioka a-t-il pris en main la pivoine pour la<br />

regarder ? demanda-t-il.<br />

— Oui. Quand il a lu la l<strong>et</strong>tre.<br />

— Et alors ?<br />

— Il s’est contenté de me la rendre.<br />

— Il n’a pas regardé la tige ?<br />

— Pas que je sache.<br />

— Il ne l’a pas examinée ? Il n’en a rien dit ?<br />

— Non.<br />

— J’ai bien fait de refuser de <strong>le</strong> rencontrer. Il ne <strong>le</strong> mérite<br />

pas. <strong>La</strong> Maison de Yoshioka aurait mieux fait de finir avec<br />

Kempō.<br />

L’on pourrait à bon droit qualifier de grandiose <strong>le</strong> dōjō de<br />

Yagyū. Situé en dehors du château, il avait été reconstruit vers<br />

la quarantième année de Sekishūsai, <strong>et</strong> <strong>le</strong> bois robuste employé<br />

à sa construction lui donnait l’air indestructib<strong>le</strong>. Le poli du bois,<br />

acquis au cours des ans, semblait évoquer l’austérité des<br />

hommes qui s’étaient entraînés là, <strong>et</strong> <strong>le</strong> bâtiment était assez<br />

vaste pour avoir servi de caserne de samouraïs en temps de<br />

guerre.<br />

— Légèrement ! Pas avec la pointe de ton <strong>sabre</strong> ! Avec tes<br />

tripes ! Tes tripes !<br />

Shōda Kizaemon, assis sur une p<strong>et</strong>ite estrade, vêtu de la<br />

sous-robe <strong>et</strong> du hakama, rugissait des instructions à deux<br />

aspirants escrimeurs.<br />

— ... Recommencez ! Ce n’est pas ça du tout !<br />

Les remontrances de Kizaemon s’adressaient à deux<br />

samouraïs de Yagyū qui, bien qu’étourdis <strong>et</strong> en nage,<br />

continuaient de se battre avec obstination. Tous deux se<br />

remirent en garde, <strong>et</strong> s’affrontèrent de nouveau comme flamme<br />

contre flamme.<br />

— A-o-o-oh !<br />

— Y-a-a-ah !<br />

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