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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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année. Les <strong>sabre</strong>s de bois s’étant tus, la maison semblait froide<br />

<strong>et</strong> désolée.<br />

Brûlant d’avoir Kojirō pour partenaire, Seijūrō demanda à<br />

plusieurs reprises au discip<strong>le</strong> s’il était rentré. Mais Kojirō ne<br />

rentra ni ce soir-là ni <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain.<br />

Toutefois, d’autres visiteurs vinrent en force : c’était <strong>le</strong><br />

dernier jour de l’année, <strong>le</strong> jour où l’on réglait tous <strong>le</strong>s comptes.<br />

Pour <strong>le</strong>s gens d’affaires, il fallait ou bien encaisser maintenant,<br />

ou bien attendre la fête du Bon de l’été suivant ; aussi, dès midi,<br />

la sal<strong>le</strong> du devant était-el<strong>le</strong> p<strong>le</strong>ine de créanciers. D’habitude, ces<br />

gens-là se montraient tota<strong>le</strong>ment servi<strong>le</strong>s en présence de<br />

samouraïs ; mais alors, à bout de patience, ils exprimaient <strong>le</strong>urs<br />

sentiments en des termes sans équivoque :<br />

— Ne pouvez-vous payer au moins une partie de ce que vous<br />

devez ?<br />

— Voilà des mois que vous dites que <strong>le</strong> comptab<strong>le</strong> est sorti,<br />

ou que <strong>le</strong> maître est absent. Croyez-vous pouvoir nous<br />

éconduire éternel<strong>le</strong>ment ?<br />

— Combien de fois faut-il venir ici réclamer ?<br />

— Le vieux maître était un bon client. Je fermerais <strong>le</strong>s yeux<br />

s’il ne s’agissait que des six derniers mois, mais vous n’avez pas<br />

non plus payé au premier semestre. Qu’est-ce que je dis ? J’ai<br />

même des factures non réglées de l’année dernière !<br />

Deux d’entre eux tapotaient impatiemment <strong>le</strong>urs livres de<br />

comptes, en <strong>le</strong>s fourrant sous <strong>le</strong> nez du discip<strong>le</strong>. Il y avait là des<br />

menuisiers, des plâtriers, <strong>le</strong> marchand de riz, <strong>le</strong> marchand de<br />

saké, des drapiers <strong>et</strong> autres fournisseurs de marchandises de<br />

première nécessité. Leurs rangs se grossissaient des<br />

propriétaires de diverses maisons de thé où Seijūrō mangeait <strong>et</strong><br />

buvait à crédit. Et c’était <strong>le</strong> menu fr<strong>et</strong>in dont <strong>le</strong>s factures ne<br />

pouvaient guère se comparer à cel<strong>le</strong>s des usuriers auxquels<br />

Denshichirō, à l’insu de son frère, avait emprunté de l’argent.<br />

Une demi-douzaine d’entre eux s’assirent <strong>et</strong> refusèrent de<br />

bouger.<br />

— Nous voulons nous entr<strong>et</strong>enir avec Maître Seijūrō luimême.<br />

C’est une perte de temps que de s’adresser à des<br />

discip<strong>le</strong>s.<br />

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