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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Il essaya de l’appe<strong>le</strong>r, mais il avait encore trop mal au cœur<br />

pour ém<strong>et</strong>tre un son intelligib<strong>le</strong>.<br />

Il se révéla que c’était une chance, car en c<strong>et</strong> instant précis,<br />

une voix masculine, juste derrière Otsū, demanda :<br />

— Les bains, c’est de quel côté ?<br />

L’homme portait un kimono emprunté au temp<strong>le</strong>, attaché<br />

par une étroite ceinture d’où pendait un p<strong>et</strong>it gant de toil<strong>et</strong>te.<br />

Takezō reconnut en lui l’un des samouraïs de Himeji. De toute<br />

évidence il était d’un rang é<strong>le</strong>vé, assez é<strong>le</strong>vé pour loger au<br />

temp<strong>le</strong> <strong>et</strong> passer ses soirées à manger <strong>et</strong> boire son soûl tandis<br />

que ses subordonnés <strong>et</strong> <strong>le</strong>s villageois devaient battre jour <strong>et</strong> nuit<br />

<strong>le</strong>s flancs des montagnes à la recherche du fugitif.<br />

— Les bains ? dit Otsū. Venez, je vais vous montrer.<br />

El<strong>le</strong> déposa son plateau, <strong>et</strong> se mit à <strong>le</strong> conduire <strong>le</strong> long du<br />

passage. Soudain, <strong>le</strong> samouraï s’élança en avant, <strong>et</strong> l’étreignit<br />

par-derrière.<br />

— Et si tu me rejoignais au bain ? lui proposa-t-il d’un ton<br />

paillard.<br />

— Arrêtez ! Lâchez-moi ! cria Otsū, mais l’homme, la<br />

r<strong>et</strong>ournant, lui prit <strong>le</strong> visage dans ses deux grosses mains <strong>et</strong> lui<br />

baisa la joue.<br />

— Qu’est-ce qu’il y a ? demanda-t-il d’un ton cajo<strong>le</strong>ur. Tu<br />

n’aimes donc pas <strong>le</strong>s hommes ?<br />

— Arrêtez ! Il ne faut pas ! protestait Otsū désemparée.<br />

Alors, <strong>le</strong> soldat lui appliqua la main sur la bouche.<br />

Takezō, oublieux du péril, bondit comme un chat sur <strong>le</strong><br />

passage, <strong>et</strong> lança par-derrière un coup de poing à la tête de<br />

l’homme. Il avait frappé fort. Momentanément sans défense, <strong>le</strong><br />

samouraï tomba en arrière, toujours agrippé à Otsū. Essayant<br />

de lui échapper, el<strong>le</strong> poussa un cri aigu. L’homme tombé à terre<br />

se mit à vociférer :<br />

— C’est lui ! C’est Takezō ! Il est ici ! Venez l’arrêter !<br />

L’intérieur du temp<strong>le</strong> r<strong>et</strong>entit du tambourinement des pas<br />

<strong>et</strong> du rugissement des voix. <strong>La</strong> cloche du temp<strong>le</strong> se mit à sonner<br />

<strong>le</strong> tocsin : l’on avait découvert Takezō ; une fou<strong>le</strong> d’hommes<br />

venus des bois convergea vers <strong>le</strong> temp<strong>le</strong>. Mais Takezō était déjà<br />

loin, <strong>et</strong> peu de temps après on envoya des équipes de recherches<br />

fouil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s collines de Sanumo. Lui-même ne savait guère<br />

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