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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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dehors – à cause de la neige –, <strong>et</strong> par ce froid vous devriez du<br />

moins vous chauffer comme il faut avant de reprendre vos<br />

palanquins. Venez avec nous.<br />

Aucun d’eux n’avait plus envie de jouer. L’humeur, une fois<br />

dissipée, était diffici<strong>le</strong> à ressusciter. Remarquant <strong>le</strong>ur hésitation,<br />

l’une des suivantes dit :<br />

— Yoshino s’est déclarée certaine que tous, vous trouviez<br />

grossier de sa part qu’el<strong>le</strong> soit partie, mais el<strong>le</strong> ne voyait rien<br />

d’autre à faire. Si el<strong>le</strong> cédait au seigneur Kangan, monsieur<br />

Funabashi serait froissé, <strong>et</strong> si el<strong>le</strong> partait avec monsieur<br />

Funabashi <strong>le</strong> seigneur Kangan se sentirait seul. El<strong>le</strong> ne veut<br />

qu’aucun de vous deux se sente négligé ; aussi vous invite-t-el<strong>le</strong><br />

à prendre une dernière coupe. Veuil<strong>le</strong>z comprendre ce qu’el<strong>le</strong><br />

éprouve, <strong>et</strong> rester un peu davantage.<br />

Sentant qu’un refus serait peu galant – <strong>et</strong> très curieux de<br />

voir la principa<strong>le</strong> courtisane chez el<strong>le</strong> –, ils se laissèrent<br />

convaincre. Guidés par <strong>le</strong>s fill<strong>et</strong>tes, ils trouvèrent cinq paires de<br />

sanda<strong>le</strong>s de pail<strong>le</strong> rustiques en haut des marches du jardin. Les<br />

ayant chaussées, ils traversèrent en si<strong>le</strong>nce la neige tendre.<br />

Musashi n’avait aucune idée de ce qui se passait, mais <strong>le</strong>s autres<br />

croyaient qu’ils allaient prendre part à une cérémonie du thé car<br />

Yoshino était connue pour être une adepte ardente du culte du<br />

thé. Un bol de thé serait <strong>le</strong> bienvenu après tout l’alcool qu’ils<br />

avaient ingurgité ; nul ne s’inquiéta donc jusqu’à ce qu’on <strong>le</strong>s<br />

menât plus loin que la maison de thé, dans un champ en friche.<br />

— Où nous conduisez-vous ? demanda <strong>le</strong> seigneur Kangan<br />

d’un ton accusateur. Nous voilà dans <strong>le</strong>s ronces !<br />

Les fill<strong>et</strong>tes rirent sous cape, <strong>et</strong> Rin’ya se hâta d’expliquer :<br />

— Oh ! non ! C’est notre jardin aux pivoines. Au début de<br />

l’été, nous sortons des tabour<strong>et</strong>s, <strong>et</strong> tout <strong>le</strong> monde vient ici boire<br />

en admirant <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs.<br />

— Ronces ou pivoines, être ici, dehors, dans la neige, n’a<br />

rien d’agréab<strong>le</strong>. Yoshino tient-el<strong>le</strong> à nous faire attraper froid ?<br />

— Pardon. C’est juste un peu plus loin.<br />

A l’ang<strong>le</strong> du champ se dressait une maisonn<strong>et</strong>te au toit de<br />

chaume, qui, d’après son aspect, devait être une ferme datant<br />

d’avant la construction du quartier. Il y avait un boqu<strong>et</strong>eau<br />

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