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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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ois par terre. Le chant du coq lui échappa. Il ne remarqua pas<br />

la clarté du so<strong>le</strong>il.<br />

— ... Oh ! dit Yoshino, il fait jour.<br />

El<strong>le</strong> semblait regr<strong>et</strong>ter que la nuit fût passée. El<strong>le</strong> tendit la<br />

main pour prendre un nouveau morceau de bois mais constata<br />

qu’il n’y en avait plus.<br />

Les bruits du matin – portes qui s’ouvraient en grinçant,<br />

gazouillis d’oiseau – s’insinuaient dans la pièce, mais Yoshino<br />

ne faisait aucun mouvement pour ouvrir <strong>le</strong>s persiennes. Le feu<br />

avait beau être éteint, un sang chaud courait dans ses veines.<br />

Les fill<strong>et</strong>tes qui la servaient savaient qu’el<strong>le</strong>s ne devaient pas<br />

ouvrir la porte de sa maisonn<strong>et</strong>te avant d’y être invitées.<br />

Un cœur malade<br />

Avant deux jours, la neige avait fondu, <strong>et</strong> de chaudes brises<br />

printanières encourageaient mil<strong>le</strong> bourgeons neufs à s’épanouir.<br />

Le so<strong>le</strong>il était fort, <strong>et</strong> l’on avait trop chaud même dans <strong>le</strong>s<br />

vêtements de coton.<br />

Un jeune moine Zen, <strong>le</strong> bas de son kimono éclaboussé de<br />

boue jusqu’à la tail<strong>le</strong>, se tenait devant l’entrée de la résidence du<br />

seigneur Karasumaru. N’obtenant pas de réponse à ses appels<br />

réitérés, il contourna <strong>le</strong> bâtiment jusqu’aux communs, <strong>et</strong> se<br />

dressa sur la pointe des pieds pour j<strong>et</strong>er un coup d’œil par une<br />

fenêtre.<br />

— Que vou<strong>le</strong>z-vous, prêtre ? demanda Jōtarō.<br />

Le moine se r<strong>et</strong>ourna promptement, <strong>et</strong> resta bouche bée. Il<br />

ne comprenait pas ce qu’un tel gamin des rues pouvait bien faire<br />

dans la cour de Karasumaru Mitsuhiro.<br />

— ... Si vous mendiez, il faut al<strong>le</strong>r à la cuisine, dit Jō.<br />

— Je ne viens pas demander l’aumône, répliqua <strong>le</strong> moine,<br />

qui sortit de son kimono un étui à l<strong>et</strong>tre. Je suis du Nansōji dans<br />

la province d’Izumi. C<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre est pour Takuan Sōhō qui, si je<br />

comprends bien, séjourne ici. Es-tu l’un des laquais ?<br />

— Bien sûr que non. Je suis un invité, comme Takuan.<br />

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