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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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l’homme appelé Miyamoto, quittait Nara aujourd’hui, <strong>et</strong> que <strong>le</strong>s<br />

prêtres allaient l’attaquer sur la route.<br />

<strong>La</strong> face convulsée de frayeur, el<strong>le</strong> assura à Musashi que ce<br />

serait un suicide que de quitter Nara ce matin-là, <strong>et</strong> <strong>le</strong> pressa<br />

instamment de se cacher la nuit suivante. Il serait plus sûr,<br />

d’après el<strong>le</strong>, d’essayer de partir à la dérobée <strong>le</strong> <strong>le</strong>ndemain.<br />

— Je vois, fit Musashi sans s’émouvoir. Vous dites qu’ils se<br />

proposent de me rencontrer dans la plaine de Hannya ?<br />

— Je ne sais pas au juste à quel endroit, mais ils sont partis<br />

dans c<strong>et</strong>te direction. Des gens de la vil<strong>le</strong> m’ont dit que ce<br />

n’étaient pas seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s prêtres ; ils ont déclaré que toute<br />

une bande de rōnins se sont aussi rassemblés ; ils prétendaient<br />

s’emparer de vous <strong>et</strong> vous rem<strong>et</strong>tre au Hōzōin. Avez-vous dit du<br />

mal du temp<strong>le</strong> ? Les avez-vous insultés d’une façon<br />

quelconque ?<br />

— Non.<br />

— Eh bien, on dit que <strong>le</strong>s prêtres sont furieux parce que<br />

vous avez payé quelqu’un pour placarder dans toute la vil<strong>le</strong> des<br />

affiches représentant un homme décapité. Ils en concluaient<br />

que vous vous réjouissiez méchamment d’avoir tué l’un des<br />

<strong>le</strong>urs.<br />

— Je n’ai rien fait de tel. Il y a erreur.<br />

— Eh bien, si c’est une erreur, vous ne devriez pas al<strong>le</strong>r vous<br />

faire tuer pour el<strong>le</strong> !<br />

Le front emperlé de sueur, Musashi regardait pensivement<br />

<strong>le</strong> ciel ; il se rappelait la colère des trois rōnins quand il avait<br />

refusé <strong>le</strong>ur marché. Peut-être <strong>le</strong>ur devait-il tout cela. Voilà qui<br />

<strong>le</strong>ur ressemblait fort, de col<strong>le</strong>r des affiches offensantes, <strong>et</strong> puis<br />

de répandre <strong>le</strong> bruit qu’il en était l’auteur.<br />

Brusquement, il se <strong>le</strong>va.<br />

— Je pars, dit-il.<br />

Il attacha à son dos son sac de voyage, prit à la main son<br />

chapeau de vannerie, <strong>et</strong>, se tournant vers <strong>le</strong>s deux femmes, <strong>le</strong>s<br />

remercia de <strong>le</strong>ur bonté. Comme il s’avançait vers <strong>le</strong> portail, la<br />

veuve, maintenant en larmes, <strong>le</strong> suivit en <strong>le</strong> suppliant de ne<br />

point partir.<br />

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