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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Je n’y ai jamais pensé. J’aimerais al<strong>le</strong>r dans une fou<strong>le</strong><br />

d’endroits éloignés, me rendre à l’autre bout de Kyushu, voir<br />

comment vivent <strong>le</strong>s gens à Nagasaki, sous <strong>le</strong>s influences<br />

étrangères. Je brû<strong>le</strong> de connaître la nouvel<strong>le</strong> capita<strong>le</strong> que <strong>le</strong><br />

Shōgun est en train de bâtir à Edo, <strong>le</strong>s grandes montagnes <strong>et</strong><br />

rivières au nord de Honshu. Peut-être qu’au fond de moi, je ne<br />

suis qu’un vagabond.<br />

— Vous n’êtes nul<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> seul. C’est tout naturel, mais il<br />

faut éviter la tentation de croire que vos rêves ne pourront se<br />

réaliser que dans quelque endroit lointain. Si vous <strong>le</strong> croyez,<br />

vous négligerez <strong>le</strong>s possibilités de votre environnement<br />

immédiat. <strong>La</strong> plupart des jeunes gens agissent ainsi, je <strong>le</strong> crains,<br />

<strong>et</strong> deviennent insatisfaits de <strong>le</strong>ur existence.<br />

Kō<strong>et</strong>su se mit à rire.<br />

— ... Mais un vieil oisif tel que moi n’a pas à prêcher aux<br />

jeunes... Quoi qu’il en soit, je ne suis pas venu pour par<strong>le</strong>r de<br />

cela. Je suis venu vous inviter à sortir ce soir. Etes-vous jamais<br />

allé au quartier réservé ?<br />

— Le quartier des geishas ?<br />

— Oui. J’ai un ami du nom de Haiya Shōyū. Malgré son âge,<br />

il a toujours en tête une malice ou une autre. Je viens de<br />

recevoir un mot m’invitant à <strong>le</strong> r<strong>et</strong>rouver près de l’avenue<br />

Rokujō, ce soir, <strong>et</strong> je me demandais s’il vous plairait de venir.<br />

— Non, je ne crois pas.<br />

— Si vous ne <strong>le</strong> vou<strong>le</strong>z vraiment pas, je n’insiste pas, mais je<br />

pense que vous trouveriez cela intéressant.<br />

Myōshū, qui s’était glissée en si<strong>le</strong>nce dans la pièce <strong>et</strong><br />

écoutait avec un intérêt manifeste, intervint :<br />

— Je crois que vous devriez y al<strong>le</strong>r, Musashi. C’est une<br />

occasion de voir quelque chose que vous ne connaissez pas.<br />

Avec Haiya Shōyū l’on n’a pas à être raide <strong>et</strong> cérémonieux, <strong>et</strong> je<br />

crois que c<strong>et</strong>te expérience vous amuserait. N’hésitez pas, al<strong>le</strong>zy<br />

!<br />

<strong>La</strong> vieil<strong>le</strong> religieuse se dirigea vers la commode, d’où el<strong>le</strong><br />

entreprit de tirer un kimono <strong>et</strong> une obi. D’habitude, <strong>le</strong>s aînés<br />

s’efforçaient d’empêcher <strong>le</strong>s jeunes gens de perdre <strong>le</strong>ur temps <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong>ur argent dans <strong>le</strong>s maisons de geishas ; pourtant, Myōshū<br />

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