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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Comment avez-vous pu être assez inhumain pour massacrer un<br />

simp<strong>le</strong> enfant ?<br />

Musashi pâlit ; soudain, il se sentit faib<strong>le</strong>. Le prêtre<br />

poursuivit :<br />

— ... Après avoir perdu son bras, Seijūrō s’est fait prêtre.<br />

Denshichirō, vous l’avez tué. Genjirō demeurait <strong>le</strong>ur unique<br />

successeur. En l’assassinant, vous avez mis fin à la maison de<br />

Yoshioka. Même si c’était fait au nom de la Voie du samouraï,<br />

c’était cruel, lâche. Vous ne méritez même pas d’être traité de<br />

monstre ou de démon. Vous considérez-vous comme un être<br />

humain ? Vous imaginez-vous digne du rang de samouraï ?<br />

Appartenez-vous même à ce grand pays des f<strong>le</strong>urs de cerisier ?...<br />

Non ! Et c’est pourquoi <strong>le</strong> c<strong>le</strong>rgé vous expulse. Quel<strong>le</strong>s qu’aient<br />

été <strong>le</strong>s circonstances, <strong>le</strong> meurtre de l’enfant est impardonnab<strong>le</strong>.<br />

Un véritab<strong>le</strong> samouraï ne comm<strong>et</strong>trait point pareil crime. Plus<br />

un samouraï est fort, plus il est doux <strong>et</strong> p<strong>le</strong>in d’égards envers <strong>le</strong>s<br />

faib<strong>le</strong>s. Un samouraï comprend <strong>et</strong> pratique la compassion... Et<br />

maintenant, al<strong>le</strong>z-vous-en d’ici, Miyamoto Musashi ! Le plus<br />

vite possib<strong>le</strong> ! Le mont Hiei vous rej<strong>et</strong>te !<br />

Leur colère exprimée, <strong>le</strong>s prêtres repartirent.<br />

Bien qu’il eût supporté en si<strong>le</strong>nce ce dernier torrent<br />

d’injures, ce n’était point parce qu’il n’avait pas de réponse à<br />

<strong>le</strong>urs accusations. « Ils ont beau dire, j’ai eu raison, pensait-il.<br />

J’ai fait la seu<strong>le</strong> chose que je pouvais faire pour défendre mes<br />

convictions, qui sont justes, »<br />

Il croyait sincèrement à la va<strong>le</strong>ur de ses principes, <strong>et</strong> à la<br />

nécessité de <strong>le</strong>s défendre. Puisque <strong>le</strong>s Yoshiokas avaient fait de<br />

Genjirō <strong>le</strong>ur porte-drapeau, il n’était plus resté d’autre solution<br />

que de <strong>le</strong> tuer. Il était <strong>le</strong>ur général. Aussi longtemps qu’il vivrait,<br />

l’éco<strong>le</strong> Yoshioka resterait invaincue. Musashi aurait pu tuer dix,<br />

vingt ou trente hommes, si Genjirō ne mourait pas <strong>le</strong>s<br />

survivants se prétendraient toujours victorieux. Tuer <strong>le</strong> jeune<br />

garçon d’abord faisait de Musashi <strong>le</strong> vainqueur, même s’il devait<br />

être tué dans la suite du combat.<br />

Selon <strong>le</strong>s lois du <strong>sabre</strong>, c<strong>et</strong>te logique était sans fail<strong>le</strong>. Et pour<br />

Musashi ces lois étaient souveraines.<br />

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