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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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impunis. Ceux qui osaient enfreindre <strong>le</strong>s prétendus droits de ces<br />

bandits étaient passib<strong>le</strong>s de châtiments cruels.<br />

Akemi frissonna <strong>et</strong> dit :<br />

— Qu’allons-nous faire ? Les acolytes de Temma sont en<br />

route pour venir ici, j’en suis sûre.<br />

— Ne vous inquiétez pas, lui dit Takezō. S’ils viennent<br />

vraiment, je <strong>le</strong>s recevrai moi-même.<br />

A <strong>le</strong>ur descente de la montagne, <strong>le</strong> crépuscu<strong>le</strong> était tombé<br />

sur <strong>le</strong> marais, <strong>et</strong> tout était calme. Une traînée de fumée<br />

provenant du feu du bain, à la maison, rampait au faîte d’une<br />

haute rangée de joncs comme un serpent ondulant, aérien. Okō,<br />

ayant fini de se maquil<strong>le</strong>r pour <strong>le</strong> soir, se tenait debout,<br />

désœuvrée, à la porte de derrière. Lorsqu’el<strong>le</strong> vit sa fil<strong>le</strong><br />

s’approcher au côté de Takezō, el<strong>le</strong> cria :<br />

— Akemi, que fais-tu dehors aussi tard ?<br />

Il y avait de la sévérité dans son œil <strong>et</strong> dans sa voix. <strong>La</strong> jeune<br />

fil<strong>le</strong>, qui marchait d’un air distrait, sursauta. El<strong>le</strong> était plus<br />

sensib<strong>le</strong> aux humeurs de sa mère qu’à n’importe quoi d’autre.<br />

Sa mère avait à la fois favorisé c<strong>et</strong>te sensibilité <strong>et</strong> appris à<br />

l’exploiter, à manipu<strong>le</strong>r sa fil<strong>le</strong> ainsi qu’une marionn<strong>et</strong>te, d’un<br />

simp<strong>le</strong> regard ou d’un simp<strong>le</strong> geste. Akemi s’écarta vivement de<br />

Takezō, <strong>et</strong>, rougissant de façon notab<strong>le</strong>, courut se réfugier dans<br />

la maison.<br />

Le <strong>le</strong>ndemain, Akemi raconta à sa mère sa rencontre avec<br />

Tsujikazé Temma. Okō entra en fureur.<br />

— Pourquoi ne me l’as-tu pas dit tout de suite ? cria-t-el<strong>le</strong><br />

en s’agitant comme une fol<strong>le</strong>, en s’arrachant <strong>le</strong>s cheveux, en<br />

sortant des obj<strong>et</strong>s des tiroirs <strong>et</strong> des armoires pour <strong>le</strong>s empi<strong>le</strong>r au<br />

milieu de la pièce. Matahachi ! Takezō ! Donnez-moi un coup de<br />

main ! Il faut tout cacher.<br />

Matahachi déplaça une planche indiquée par Okō, <strong>et</strong> se<br />

hissa au-dessus du plafond. Il n’y avait guère de place entre <strong>le</strong><br />

plafond <strong>et</strong> <strong>le</strong>s chevrons. A peine pouvait-on s’y glisser, mais cela<br />

servait <strong>le</strong> dessein d’Okō, <strong>et</strong> selon toute vraisemblance celui de<br />

son défunt mari. Takezō, debout sur un tabour<strong>et</strong> entre la mère<br />

<strong>et</strong> la fil<strong>le</strong>, se mit à tendre à Matahachi <strong>le</strong>s obj<strong>et</strong>s, l’un après<br />

l’autre. Si Takezō n’avait pas entendu l’histoire d’Akemi, la<br />

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