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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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semblait-il. Il était à la recherche de sa tante, la sœur de sa mère<br />

<strong>et</strong> sa seu<strong>le</strong> parente vivante en dehors d’Ogin.<br />

Sa tante avait pour époux un samouraï servant la maison de<br />

Konoe pour une maigre solde. Musashi pensait que la maison<br />

serait faci<strong>le</strong> à trouver derrière la colline de Yoshida ; mais il ne<br />

tarda pas à constater que <strong>le</strong>s maisons ne différaient guère entre<br />

el<strong>le</strong>s. <strong>La</strong> plupart, p<strong>et</strong>ites, entourées d’arbres, avaient un portail<br />

aussi hermétiquement clos qu’une palourde. Un grand nombre<br />

de portails n’avaient pas de plaque.<br />

Son incertitude, quant à l’endroit qu’il cherchait,<br />

l’empêchait de demander son chemin. « Ils auront déménagé, se<br />

dit-il. Je ferais mieux de m’arrêter. »<br />

Il r<strong>et</strong>ourna vers <strong>le</strong> centre de la vil<strong>le</strong>, enveloppé d’une brume<br />

qui noyait <strong>le</strong>s lumières de la place du marché pour la fin<br />

d’année. C’avait beau être la veil<strong>le</strong> du Nouvel An, <strong>le</strong>s rues du<br />

quartier central bourdonnaient encore d’activité.<br />

Musashi se r<strong>et</strong>ourna pour regarder une femme qui venait de<br />

<strong>le</strong> croiser. Cela faisait au moins sept ou huit ans qu’il n’avait pas<br />

vu sa tante, mais il était sûr qu’il s’agissait d’el<strong>le</strong> : c<strong>et</strong>te femme<br />

ressemblait à l’image qu’il s’était formée de sa mère. Il la suivit à<br />

courte distance, puis l’appela. El<strong>le</strong> lui j<strong>et</strong>a un regard<br />

soupçonneux, puis ses yeux ridés par <strong>le</strong>s années de vie<br />

monotone <strong>et</strong> diffici<strong>le</strong> reflétèrent une surprise intense.<br />

— Tu es Musashi, <strong>le</strong> fils de Munisai, n’est-ce pas ? finit-el<strong>le</strong><br />

par dire.<br />

Il se demanda pourquoi el<strong>le</strong> l’appelait Musashi au lieu de<br />

Takezō, mais ce qui <strong>le</strong> troubla en réalité, ce fut l’impression de<br />

ne pas être <strong>le</strong> bienvenu.<br />

— Oui, répondit-il, je suis Takezō, de la maison de<br />

Shimmen.<br />

El<strong>le</strong> l’examina des pieds à la tête, sans <strong>le</strong>s « oh ! » <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

« ah ! » habituels : « Comme tu as grandi ! » <strong>et</strong> « Comme tu as<br />

changé ! »<br />

— Pourquoi donc es-tu venu ici ? demanda-t-el<strong>le</strong><br />

froidement sur un ton plutôt sévère.<br />

— Je n’avais pas de raison particulière de venir. Il se<br />

trouvait seu<strong>le</strong>ment que j’étais à Kyoto. J’ai pensé qu’il serait<br />

gentil de venir te voir.<br />

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