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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Ça saute aux yeux, non ?<br />

— Non, c’est peut-être un vo<strong>le</strong>ur qui a laissé ça là.<br />

El<strong>le</strong>s se regardèrent en ouvrant de grands yeux <strong>et</strong> en avalant<br />

<strong>le</strong>ur salive, comme si el<strong>le</strong>s étaient tombées sur <strong>le</strong> malfaiteur luimême<br />

en train de faire la sieste.<br />

— Peut-être que nous devrions en par<strong>le</strong>r à Otsū, suggéra<br />

l’une d’el<strong>le</strong>s, <strong>et</strong> d’un commun accord, toutes regagnèrent en<br />

courant <strong>le</strong> dortoir <strong>et</strong> appelèrent, de dessous la balustrade<br />

extérieure à la chambre d’Otsū :<br />

— Sensei ! Sensei ! Il y a quelque chose de bizarre en bas.<br />

Venez voir !<br />

Otsū déposa son pinceau à écrire sur son bureau, <strong>et</strong> passa la<br />

tête par la fenêtre.<br />

— Qu’est-ce que c’est ? demanda-t-el<strong>le</strong>.<br />

— Un vo<strong>le</strong>ur a laissé là ses <strong>sabre</strong>s <strong>et</strong> un ballot. Ils sont làbas,<br />

accrochés au mur du fond.<br />

— Vraiment ? Vous devriez <strong>le</strong>s porter à la maison Arakida.<br />

— Oh ! ce n’est pas possib<strong>le</strong> ! Nous n’osons pas y toucher.<br />

— Est-ce que vous ne faites pas là beaucoup d’histoires pour<br />

rien ? Courez prendre vos <strong>le</strong>çons, maintenant. Et ne perdez pas<br />

davantage votre temps.<br />

Lorsqu’Otsū descendit de sa chambre, <strong>le</strong>s jeunes fil<strong>le</strong>s<br />

étaient parties. Il n’y avait au dortoir que la vieil<strong>le</strong> cuisinière <strong>et</strong><br />

l’une des jeunes fil<strong>le</strong>s, malade.<br />

— ... A qui sont <strong>le</strong>s affaires pendues là-bas ? demanda Otsū<br />

à la cuisinière.<br />

<strong>La</strong> bonne femme n’en savait rien, bien sûr.<br />

— ... Je vais <strong>le</strong>s porter à la maison Arakida, dit Otsū.<br />

Quand el<strong>le</strong> décrocha <strong>le</strong> sac <strong>et</strong> <strong>le</strong>s <strong>sabre</strong>s, el<strong>le</strong> faillit <strong>le</strong>s lâcher<br />

tant ils étaient lourds. Tout en <strong>le</strong>s traînant à deux mains, el<strong>le</strong> se<br />

demandait comment <strong>le</strong>s hommes pouvaient al<strong>le</strong>r <strong>et</strong> venir avec<br />

un poids pareil.<br />

Otsū <strong>et</strong> Jōtarō étaient arrivés là deux mois plus tôt, après<br />

avoir sillonné en tous sens <strong>le</strong>s grand-routes d’Iga, Omi <strong>et</strong> Mino à<br />

la recherche de Musashi. En arrivant dans la province d’Ise, ils<br />

avaient résolu d’y passer l’hiver : il eût été trop diffici<strong>le</strong> de<br />

traverser <strong>le</strong>s montagnes dans la neige. D’abord, Otsū avait<br />

donné des <strong>le</strong>çons de flûte dans la région de Toba ; mais ensuite<br />

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