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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Hon’iden Matahachi.<br />

— Matahachi ? répéta-t-el<strong>le</strong> d’une voix étranglée.<br />

— As-tu oublié ma voix ?<br />

— Non, je la reconnais maintenant. Tu as vu ta mère ?<br />

— Oui, el<strong>le</strong> m’attend. Tu n’as pas changé, n’est-ce pas ? Tu<br />

es tout à fait la même que là-bas, dans <strong>le</strong> Mimasaka.<br />

— Où donc es-tu ? Il fait si sombre que je ne vois rien.<br />

— Puis-je m’approcher ? Je me tenais ici. J’ai tel<strong>le</strong>ment<br />

honte de paraître en face de toi ! A quoi pensais-tu ?<br />

— Oh ! à rien ; à rien de spécial.<br />

— Tu pensais à moi ? Pas un jour ne s’est passé où je n’aie<br />

pensé à toi.<br />

Tandis qu’il s’approchait <strong>le</strong>ntement d’el<strong>le</strong>, Otsū ressentait<br />

un peu d’appréhension.<br />

— Matahachi, est-ce que ta mère t’a tout expliqué ?<br />

— Oui, oui.<br />

— Puisque tu sais tout, dit-el<strong>le</strong>, immensément soulagée, tu<br />

comprends mes sentiments ; mais je voudrais te demander moimême<br />

de considérer <strong>le</strong>s choses de mon point de vue. Oublions <strong>le</strong><br />

passé. Ça ne devait pas se faire.<br />

— Allons, Otsū, ne sois pas comme ça.<br />

Il secouait la tête. Bien qu’il n’eût aucune idée de ce que sa<br />

mère avait dit à Otsū, il était à peu près sûr que c’était destiné à<br />

la tromper.<br />

— ... Entendre par<strong>le</strong>r du passé me fait du mal. Il m’est<br />

diffici<strong>le</strong> de garder la tête haute en face de toi. S’il était possib<strong>le</strong><br />

d’oublier, Dieu sait que j’en serais content. Mais je ne sais<br />

pourquoi, je ne peux supporter l’idée de renoncer à toi.<br />

— Matahachi, sois raisonnab<strong>le</strong>. Il n’y a rien entre ton cœur<br />

<strong>et</strong> <strong>le</strong> mien. Nous sommes séparés par une grande vallée.<br />

— C’est vrai. Et plus de cinq années se sont écoulées à<br />

travers c<strong>et</strong>te vallée.<br />

— Exactement. Ces années ne reviendront jamais. Il n’existe<br />

aucun moyen de r<strong>et</strong>rouver <strong>le</strong>s sentiments que nous avions<br />

autrefois.<br />

— Oh ! si ! Nous pouvons <strong>le</strong>s r<strong>et</strong>rouver ! Nous <strong>le</strong> pouvons !<br />

— Non, ils sont partis pour jamais.<br />

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