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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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m<strong>et</strong>tre à genoux Sekishūsai, ce grand patriarche des arts<br />

martiaux, ce « vieux dragon », comme on l’appelait.<br />

L’avaient-ils percé à jour ? Il envisageait c<strong>et</strong>te éventualité<br />

lorsque l’affaire prit un tour inattendu.<br />

— Avez-vous entendu ? demanda Kimura.<br />

Murata sortit sur la véranda puis, rentrant dans la sal<strong>le</strong>, dit :<br />

— C’est Tarō qui aboie... mais pas comme d’habitude. Il doit<br />

se passer quelque chose d’anormal.<br />

Tarō, c’était <strong>le</strong> chien avec <strong>le</strong>quel Jōtarō avait eu mail<strong>le</strong> à<br />

partir. On ne pouvait nier <strong>le</strong> caractère effrayant de ces<br />

aboiements, qui semblaient provenir de la seconde enceinte du<br />

château. Cela paraissait trop vio<strong>le</strong>nt, trop terrib<strong>le</strong> pour venir<br />

d’un seul chien.<br />

Debuchi déclara :<br />

— Je crois que je ferais mieux d’al<strong>le</strong>r j<strong>et</strong>er un coup d’œil.<br />

Pardon, Musashi, de gâcher la soirée, mais cela risque d’être<br />

important. Je vous en prie, continuez sans moi.<br />

Peu après son départ, Murata <strong>et</strong> Kimura s’excusèrent<br />

poliment.<br />

Les aboiements se faisaient plus pressants ; <strong>le</strong> chien<br />

semblait essayer d’avertir d’un péril quelconque. Lorsqu’un des<br />

chiens du château se comportait de la sorte, c’était un signe<br />

presque certain qu’il se passait quelque chose de fâcheux. Le<br />

pays ne jouissait pas d’une paix si assurée qu’un daimyō pût se<br />

perm<strong>et</strong>tre de relâcher sa vigilance à l’égard des fiefs voisins. Il y<br />

avait encore des guerriers sans scrupu<strong>le</strong>s qui risquaient de<br />

s’abaisser à n’importe quoi pour satisfaire <strong>le</strong>ur ambition<br />

personnel<strong>le</strong>, <strong>et</strong> des espions rôdaient à travers <strong>le</strong> pays, en quête<br />

de cib<strong>le</strong>s complaisantes <strong>et</strong> vulnérab<strong>le</strong>s.<br />

Kizaemon avait l’air extrêmement inqui<strong>et</strong>. Ses yeux<br />

revenaient sans cesse à la sinistre clarté de la p<strong>et</strong>ite lampe ; il<br />

semblait compter <strong>le</strong>s échos de ce vacarme.<br />

Enfin, il y eut une longue plainte. Kizaemon gémit <strong>et</strong><br />

regarda Musashi.<br />

— Il est mort, dit Musashi.<br />

— Oui, on l’a tué.<br />

Incapab<strong>le</strong> de se contenir plus longtemps, Kizaemon se <strong>le</strong>va.<br />

— ... Je n’y comprends rien.<br />

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