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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Je vois. Je suppose que ça va. Mais à tout hasard, mieux<br />

vaut demander à l’homme un reçu.<br />

Sur quoi, il donna au domestique <strong>le</strong> ballot <strong>et</strong> <strong>le</strong>s deux <strong>sabre</strong>s<br />

qu’Otsū lui avait apportés.<br />

En apprenant que <strong>le</strong>ur professeur de flûte <strong>le</strong>s quittait, <strong>le</strong>s<br />

jeunes fil<strong>le</strong>s de la Maison des Vierges furent inconsolab<strong>le</strong>s. Au<br />

cours des deux mois qu’el<strong>le</strong> avait passés avec el<strong>le</strong>s, el<strong>le</strong>s en<br />

étaient venues à la considérer comme une sœur aînée, <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs<br />

visages, tandis qu’el<strong>le</strong>s se pressaient autour d’el<strong>le</strong>, respiraient la<br />

tristesse.<br />

— Vous partez vraiment ?<br />

— Vous ne reviendrez jamais ?<br />

De l’extérieur du dortoir, Jōtarō cria :<br />

— Je suis prêt ! Pourquoi tardez-vous ?<br />

Ayant quitté sa robe blanche, il portait une fois de plus son<br />

kimono trop court <strong>et</strong> son <strong>sabre</strong> de bois au côté. <strong>La</strong> boîte<br />

enveloppée de toi<strong>le</strong> qui contenait <strong>le</strong>s rou<strong>le</strong>aux se trouvait<br />

suspendue en diagona<strong>le</strong> en travers de son dos.<br />

De la fenêtre, Otsū cria en réponse :<br />

— Mon Dieu, tu n’as pas perdu de temps !<br />

— Je ne perds jamais de temps ! répliqua Jōtarō. Vous<br />

n’êtes pas encore prête ? Pourquoi <strong>le</strong>s femmes m<strong>et</strong>tent-el<strong>le</strong>s si<br />

longtemps à s’habil<strong>le</strong>r <strong>et</strong> à faire <strong>le</strong>urs bagages ?<br />

Il se dorait au so<strong>le</strong>il, dans la cour, en bâillant<br />

paresseusement. Mais de nature impatiente, il s’ennuyait vite.<br />

— ... Vous n’avez pas encore fini ? cria-t-il à nouveau.<br />

— J’arrive dans une minute, répondit Otsū.<br />

El<strong>le</strong> avait déjà fini ses bagages, mais <strong>le</strong>s jeunes fil<strong>le</strong>s ne<br />

voulaient pas la laisser partir. Pour essayer de s’arracher à el<strong>le</strong>s,<br />

Otsū <strong>le</strong>ur dit sur un ton apaisant :<br />

— ... Ne soyez pas tristes. Je reviendrai vous voir un de ces<br />

jours. En attendant, prenez bien soin de vous.<br />

El<strong>le</strong> avait <strong>le</strong> sentiment inconfortab<strong>le</strong> que c’était faux : étant<br />

donné ce qui s’était passé, il y avait peu de chance qu’el<strong>le</strong> revînt<br />

jamais. Les jeunes fil<strong>le</strong>s s’en doutaient peut-être ; plusieurs<br />

p<strong>le</strong>uraient. Enfin, l’une d’el<strong>le</strong>s proposa que toutes<br />

accompagnent Otsū jusqu’au pont sacré qui franchit la rivière<br />

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