14.12.2018 Views

La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

de l’un des plus habi<strong>le</strong>s prêtres-guerriers de Kurama l’usage de<br />

la hal<strong>le</strong>barde, puis étudié <strong>le</strong> sty<strong>le</strong> d’escrime de Kyoto, il avait<br />

créé un sty<strong>le</strong> tota<strong>le</strong>ment personnel. Sa technique du <strong>sabre</strong> court<br />

avait plus tard été adoptée par <strong>le</strong>s Shōguns Ashikaga qui firent<br />

de lui <strong>le</strong>ur maître officiel. Kempō avait été un grand maître, un<br />

homme dont la sagesse égalait <strong>le</strong> ta<strong>le</strong>nt.<br />

Bien que ses fils, Seijūrō <strong>et</strong> Denshichirō, eussent reçu une<br />

formation aussi rigoureuse que cel<strong>le</strong> de <strong>le</strong>ur père, ils avaient<br />

hérité sa fortune <strong>et</strong> sa renommée considérab<strong>le</strong>s, ce qui, selon<br />

certains, était la cause de <strong>le</strong>ur faib<strong>le</strong>sse. Seijūrō avait beau être<br />

appelé « Jeune Maître », il n’avait pas atteint véritab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong><br />

niveau d’habil<strong>et</strong>é capab<strong>le</strong> d’attirer un grand nombre de<br />

discip<strong>le</strong>s. Les élèves fréquentaient l’éco<strong>le</strong> parce que sous Kempō<br />

<strong>le</strong> sty<strong>le</strong> de combat Yoshioka était devenu si fameux que <strong>le</strong><br />

simp<strong>le</strong> fait d’entrer dans c<strong>et</strong>te éco<strong>le</strong> vous faisait reconnaître par<br />

la société pour un guerrier émérite.<br />

Après la chute du Shōgunat Ashikaga, trois décennies<br />

auparavant, la Maison de Yoshioka avait cessé de recevoir une<br />

subvention officiel<strong>le</strong>, mais, durant la vie de l’économe Kempō,<br />

el<strong>le</strong> avait progressivement amoncelé une grosse fortune. En<br />

outre, el<strong>le</strong> possédait ce vaste établissement sur l’avenue Shijō,<br />

avec plus d’élèves qu’aucune autre éco<strong>le</strong> de Kyoto, de loin la<br />

plus grande cité du pays. Mais en vérité, la situation de l’éco<strong>le</strong><br />

au niveau <strong>le</strong> plus é<strong>le</strong>vé du monde de l’escrime n’était<br />

qu’apparente.<br />

Hors de ces grands murs blancs, <strong>le</strong> monde avait changé plus<br />

que ne <strong>le</strong> croyait la majorité de ceux qui se trouvaient à<br />

l’intérieur. Depuis des années qu’ils se vantaient, fainéantaient<br />

<strong>et</strong> s’amusaient, l’époque, ainsi qu’il advient, <strong>le</strong>s avait dépassés.<br />

Ce jour-là, <strong>le</strong>urs yeux avaient été ouverts par <strong>le</strong>ur honteuse<br />

défaite devant un escrimeur inconnu, débarqué de la campagne.<br />

Un peu avant midi, l’un des serviteurs vint au dōjō<br />

annoncer qu’un homme appelé Musashi se trouvait à la porte, <strong>et</strong><br />

demandait à être reçu. L’on demanda au serviteur quel genre<br />

d’individu c’était ; il répondit qu’il s’agissait d’un rōnin<br />

originaire de Miyamoto dans <strong>le</strong> Mimasaka, qu’il paraissait vingt<br />

<strong>et</strong> un ou vingt-deux ans, mesurait environ un mètre quatrevingts,<br />

<strong>et</strong> avait l’air plutôt bête. Ses cheveux, qui n’avaient pas<br />

196

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!