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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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qu’une minute, dans l’ombre du plus grand maître du pays, <strong>et</strong><br />

que dans l’intérêt de tous <strong>le</strong>s successeurs qui suivront la Voie du<br />

<strong>sabre</strong>, il serait reconnaissant de recevoir une <strong>le</strong>çon. J’imagine<br />

que c’est à peu près cela.<br />

Jōtarō écarquilla <strong>le</strong>s yeux.<br />

— <strong>La</strong> l<strong>et</strong>tre dit ça ?<br />

— Oui, alors je n’ai pas besoin de la lire, n’est-ce pas ? Mais<br />

que l’on ne vienne pas dire que la Maison de Yagyū rej<strong>et</strong>te d’un<br />

cœur froid ceux qui font appel à el<strong>le</strong>.<br />

Il observa une pause, <strong>et</strong> reprit comme s’il avait répété son<br />

discours :<br />

— ... Demande à ce garde-là de tout t’expliquer. Quand des<br />

apprentis guerriers viennent ici, ils entrent par <strong>le</strong> portail<br />

principal <strong>et</strong> se rendent au portail intermédiaire à droite duquel<br />

se trouve un bâtiment appelé <strong>le</strong> Shin’indō. On <strong>le</strong> reconnaît à un<br />

écriteau de bois. S’ils en font la demande au gardien, ils sont<br />

libres de prendre un peu de repos, <strong>et</strong> peuvent passer une ou<br />

deux nuits. Quand ils repartent, on <strong>le</strong>ur donne une p<strong>et</strong>ite<br />

somme d’argent pour <strong>le</strong>s aider en route. Et maintenant, ce que<br />

tu dois faire, c’est porter c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre au gardien du Shin’indō...<br />

compris ?<br />

— Non ! dit Jōtarō en secouant la tête <strong>et</strong> haussant<br />

légèrement l’épau<strong>le</strong> droite. Ecoutez-moi, monsieur !<br />

— Eh bien ?<br />

— Il ne faut pas juger des gens sur la mine. Je ne suis pas <strong>le</strong><br />

fils d’un mendiant !<br />

— En eff<strong>et</strong>, je dois reconnaître que tu ne t’exprimes pas mal.<br />

— Pourquoi ne j<strong>et</strong>ez-vous pas un simp<strong>le</strong> coup d’œil à la<br />

l<strong>et</strong>tre ? Peut-être qu’el<strong>le</strong> dit quelque chose de tout différent de<br />

ce que vous croyez. Que feriez-vous dans ce cas ? Vous me<br />

laisseriez vous couper la tête ?<br />

— Attends une minute ! dit en riant Kizaemon, dont la face,<br />

avec sa bouche rouge sous la barbe hérissée, avait l’air d’une<br />

bogue de châtaigne ouverte. Non, tu ne peux me couper la tête.<br />

— Eh bien, alors, regardez la l<strong>et</strong>tre.<br />

— Entre ici.<br />

— Pourquoi donc ?<br />

Jōtarō, inqui<strong>et</strong>, eut <strong>le</strong> sentiment d’être allé trop loin.<br />

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