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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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courtoisie. Son plus grand rival en puissance, Toyotomi<br />

Hideyori, était <strong>le</strong> fils de Hideyoshi, <strong>le</strong> va<strong>le</strong>ureux successeur de<br />

Nobunaga. Hideyoshi avait fait de son mieux pour assurer que<br />

<strong>le</strong> pouvoir demeurât aux mains des Toyotomi jusqu’à ce que<br />

Hideyori fût en âge de l’exercer, mais <strong>le</strong> vainqueur de<br />

Sekigahara était Ieyasu.<br />

Hideyori résidait toujours au château d’Osaka, <strong>et</strong> bien que<br />

Ieyasu, au lieu de s’en être débarrassé, lui eût accordé la<br />

jouissance d’un substantiel revenu annuel, il était conscient<br />

qu’Osaka représentait une menace majeure en tant qu’éventuel<br />

point de ralliement de la résistance. Maints seigneurs <strong>le</strong><br />

savaient aussi, <strong>et</strong>, misant sur <strong>le</strong>s deux tab<strong>le</strong>aux, faisaient une<br />

cour éga<strong>le</strong> à Hideyori <strong>et</strong> au Shōgun. On disait souvent que <strong>le</strong><br />

premier possédait assez d’or <strong>et</strong> de châteaux pour engager tous<br />

<strong>le</strong>s samouraïs sans maître, ou rōnins, du pays, s’il <strong>le</strong> désirait.<br />

Les vaines spéculations sur l’avenir politique du pays<br />

formaient à Kyoto l’essentiel des bavardages.<br />

— Tôt ou tard, la guerre ne peut manquer d’éclater.<br />

— Ce n’est qu’une question de temps.<br />

— Ces lanternes des rues pourraient être mouchées dès<br />

demain.<br />

— A quoi bon s’en inquiéter ? Advienne que pourra.<br />

— Amusons-nous pendant qu’il en est encore temps !<br />

L’intensité de la vie nocturne <strong>et</strong> la vogue des quartiers de<br />

plaisir prouvaient bien que <strong>le</strong> peup<strong>le</strong> ne faisait pas autre chose.<br />

Un groupe de samouraïs portés vers ces amusements<br />

débouchaient dans l’avenue Shijō. A côté d’eux courait un long<br />

mur de plâtre blanc menant à un portail impressionnant,<br />

surmonté d’un toit imposant. Un écriteau de bois, noirci par<br />

l’âge, annonçait en caractères à peine lisib<strong>le</strong>s : « Yoshioka<br />

Kempō de Kyoto. Instructeur militaire des Shōguns Ashikaga. »<br />

Les huit jeunes samouraïs semblaient avoir pratiqué tout <strong>le</strong><br />

jour, sans répit, <strong>le</strong> combat au <strong>sabre</strong>. Certains portaient des<br />

<strong>sabre</strong>s de bois en plus des deux <strong>sabre</strong>s d’acier habituels, <strong>et</strong><br />

d’autres arboraient des lances. Ils avaient l’air peu commode, <strong>le</strong><br />

genre d’hommes qui seraient <strong>le</strong>s premiers à en découdre lors<br />

d’une bagarre. Leur face était dure comme <strong>pierre</strong>, <strong>et</strong> <strong>le</strong>urs yeux<br />

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