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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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être fol<strong>le</strong>, mais Musashi est <strong>le</strong> seul homme que j’aime ! Il faut<br />

que je <strong>le</strong> voie. Où est-il ?<br />

Kojirō fit claquer sa langue, mais resta sans voix devant<br />

l’attaque au vitriol d’Akemi.<br />

Les hommes de l’éco<strong>le</strong> Yoshioka trouvaient Akemi trop fol<strong>le</strong><br />

pour qu’on la crût. Mais peut-être y avait-il une certaine vérité<br />

dans ce qu’el<strong>le</strong> disait. Si oui, Kojirō s’était servi de la bonté<br />

comme d’un appât, puis avait torturé la jeune fil<strong>le</strong> pour son<br />

propre plaisir.<br />

Embarrassé, Kojirō la regardait avec une haine non<br />

dissimulée.<br />

Soudain, <strong>le</strong>ur attention fut détournée par un des serviteurs<br />

de Seijūrō, un ado<strong>le</strong>scent du nom de Tamihachi. Il courait<br />

comme un fou, agitant <strong>le</strong>s bras <strong>et</strong> criant :<br />

— Au secours ! C’est <strong>le</strong> Jeune Maître ! Il a rencontré<br />

Musashi. Il est b<strong>le</strong>ssé. Oh ! c’est affreux ! Af-freux !<br />

— Qu’est-ce que tu nous chantes ?<br />

— Le Jeune Maître ? Musashi ?<br />

— Où ? Quand ?<br />

— Tu par<strong>le</strong>s sérieusement, Tamihachi ?<br />

Ces questions précipitées jaillissaient de visages soudain<br />

vidés de <strong>le</strong>ur sang.<br />

Tamihachi poussait des cris inarticulés. Sans répondre à<br />

<strong>le</strong>urs questions ni s’arrêter pour reprendre ha<strong>le</strong>ine, il regagna<br />

en trébuchant la grand-route de Tamba. Le croyant à demi,<br />

doutant à demi, sans vraiment savoir que penser, Ueda,<br />

Jūrōzaemon <strong>et</strong> <strong>le</strong>s autres partirent à ses trousses comme des<br />

bêtes sauvages qui foncent à travers une plaine en feu.<br />

Ils parcoururent environ cinq cents mètres vers <strong>le</strong> nord, <strong>et</strong><br />

parvinrent à un champ stéri<strong>le</strong> qui s’étendait au-delà des arbres,<br />

à droite, <strong>et</strong> dorait au so<strong>le</strong>il printanier avec une apparente<br />

sérénité. Des grives <strong>et</strong> des pies, jacassant comme si de rien<br />

n’était, s’envolèrent tandis que Tamihachi s’élançait à travers<br />

l’herbe. Il gravit un monticu<strong>le</strong> qui ressemblait à un ancien tertre<br />

funéraire, <strong>et</strong> tomba à genoux. Penché vers la terre, il gémissait<br />

<strong>et</strong> criait :<br />

— Jeune Maître !<br />

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