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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Ne vaudrait-il pas mieux prendre avec vous trois jeunes<br />

gens ? suggéra quelqu’un. C<strong>et</strong> homme dit que l’on peut passer à<br />

cinq.<br />

<strong>La</strong> vieil<strong>le</strong> secoua la tête avec véhémence.<br />

— Je n’ai besoin d’aucune aide. Je n’en ai jamais eu besoin,<br />

<strong>et</strong> n’en aurai jamais besoin. Ah ! Tout <strong>le</strong> monde croit que Takezō<br />

est fort, mais il ne m’effraie pas ! Ce n’est qu’un moutard ; il n’a<br />

guère plus de poil sur <strong>le</strong> corps que lorsque je l’ai connu au<br />

maillot. Je ne suis pas son éga<strong>le</strong> en force physique, certes, mais<br />

je ne suis pas encore gâteuse. Je peux encore vaincre par la ruse<br />

un ennemi ou deux. L’onc<strong>le</strong> Gon, lui non plus, n’est pas encore<br />

séni<strong>le</strong>... Et maintenant, je vous ai dit ce que je vais faire,<br />

conclut-el<strong>le</strong>. Et je <strong>le</strong> ferai. Il ne vous reste plus qu’à rentrer à la<br />

maison ; veil<strong>le</strong>z bien à tout jusqu’à notre r<strong>et</strong>our.<br />

Leur ayant fait signe de fi<strong>le</strong>r, el<strong>le</strong> se rendit à la barrière. Nul<br />

ne tenta de l’arrêter de nouveau. Ils lui crièrent au revoir, <strong>et</strong><br />

regardèrent <strong>le</strong> vieux coup<strong>le</strong> entreprendre son voyage vers l’est<br />

en descendant <strong>le</strong> flanc de la montagne.<br />

— <strong>La</strong> vieil<strong>le</strong> a vraiment du cran, hein ? commenta<br />

quelqu’un.<br />

Un autre mit ses mains en porte-voix pour crier :<br />

— Si vous tombez malade, prévenez <strong>le</strong> village !<br />

Un troisième, avec sollicitude :<br />

— Prenez bien soin de vous !<br />

Quand el<strong>le</strong> eut cessé d’entendre <strong>le</strong>urs voix, Osugi se tourna<br />

vers l’onc<strong>le</strong> Gon.<br />

— Nous n’avons absolument rien à craindre, lui assura-tel<strong>le</strong>.<br />

De toute façon, nous mourrons avant ces jeunots.<br />

— Tu as parfaitement raison, répondit-il avec conviction.<br />

L’onc<strong>le</strong> Gon gagnait sa vie à chasser ; mais, plus jeune, il<br />

avait été un samouraï qui, si on l’en croyait, avait pris part à<br />

maints combats sanglants. Il avait encore <strong>le</strong> teint vermeil <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

cheveux aussi noirs que jamais. Son nom de famil<strong>le</strong> était<br />

Fuchikawa. Gon, un diminutif de Gonroku, son prénom. En sa<br />

qualité d’onc<strong>le</strong> de Matahachi, il éprouvait naturel<strong>le</strong>ment<br />

beaucoup d’inquiétude au suj<strong>et</strong> des événements récents.<br />

— ... Grand-mère... dit-il.<br />

— Oui ?<br />

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