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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Le contraire me surprendrait. Son père était un homme<br />

d’un caractère remarquab<strong>le</strong>. Quand je suis allé à Kyoto avec <strong>le</strong><br />

seigneur Kōizumi, nous l’avons vu deux ou trois fois, <strong>et</strong> avons<br />

bu <strong>le</strong> saké ensemb<strong>le</strong>. Il semb<strong>le</strong> que la maison ait décliné depuis<br />

lors. Ce jeune homme a l’air de croire qu’être fils de Kempō lui<br />

donne ses entrées ici ; aussi insiste-t-il pour nous défier. Mais<br />

selon nous, il est absurde d’accepter ce défi, puis de renvoyer <strong>le</strong><br />

jeune homme battu.<br />

— Ce Denshichirō ne paraît pas manquer de confiance en<br />

soi. S’il brû<strong>le</strong> à ce point de venir, peut-être devrais-je moi-même<br />

accepter son défi.<br />

— Non, n’y songez pas. Ces fils de gens célèbres ont en<br />

général une haute opinion d’eux-mêmes ; en outre, ils sont<br />

enclins à tâcher de déformer <strong>le</strong>s choses à <strong>le</strong>ur propre avantage.<br />

Si vous <strong>le</strong> battiez, vous pouvez être certain qu’il essaierait de<br />

ruiner notre réputation à Kyoto. En ce qui me concerne, cela<br />

m’est indifférent ; mais je ne veux pas imposer ce genre de<br />

chose à Munenori ou à Hyōgo.<br />

— Qu’allons-nous faire, en ce cas ?<br />

— Le mieux serait de l’apaiser par un moyen quelconque, de<br />

lui donner l’impression qu’on <strong>le</strong> traite en fils de grande maison.<br />

Peut-être était-ce une erreur que de lui envoyer un homme.<br />

Son regard se tourna vers Otsū, <strong>et</strong> il poursuivit :<br />

— ... Je crois qu’une femme voudrait mieux. Otsū doit être<br />

exactement la personne qu’il faut.<br />

— Très bien, dit-el<strong>le</strong>. Vou<strong>le</strong>z-vous que j’y ail<strong>le</strong> maintenant ?<br />

— Non, rien ne presse. Demain matin suffira.<br />

Sekishūsai écrivit rapidement une simp<strong>le</strong> l<strong>et</strong>tre, du type de<br />

cel<strong>le</strong>s qu’un maître du thé pourrait composer, <strong>et</strong> la tendit à<br />

Otsū, avec une pivoine pareil<strong>le</strong> à cel<strong>le</strong> qu’il avait mise dans <strong>le</strong><br />

vase.<br />

— ... Donnez-<strong>le</strong>s-lui, <strong>et</strong> dites-lui que vous êtes venue à ma<br />

place parce que je suis enrhumé. Voyons quel<strong>le</strong> sera sa réponse.<br />

Le <strong>le</strong>ndemain matin, Otsū se couvrit la tête d’un long voi<strong>le</strong>.<br />

Les voi<strong>le</strong>s étaient déjà démodés à Kyoto, mais <strong>le</strong>s provincia<strong>le</strong>s<br />

des classes moyennes <strong>et</strong> supérieures <strong>le</strong>s prisaient encore.<br />

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