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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Oui, je crois qu’il va falloir que tu meures.<br />

— Je vous ai tout dit avec une absolue sincérité. J’ai rendu<br />

la boîte à pilu<strong>le</strong>s. Je vous donnerai <strong>le</strong> certificat. Un de ces jours,<br />

je rembourserai l’argent. Je <strong>le</strong> jure ! Pourquoi me tuer ?<br />

— Je te crois, mais ma position est délicate. Je vis à<br />

Shimonida, dans <strong>le</strong> Kōzuke, <strong>et</strong> faisais partie de la suite de<br />

Kusanagi Tenki. C’était <strong>le</strong> samouraï qui est mort au château de<br />

Fushimi. Bien que je sois vêtu en moine, je suis en réalité un<br />

samouraï. Je m’appel<strong>le</strong> Ichinomiya Gempachi.<br />

Matahachi, qui tentait de se dégager de ses liens, n’entendit<br />

pas vraiment ces propos.<br />

— Je vous demande pardon, dit-il servi<strong>le</strong>ment. Je sais que<br />

j’ai eu tort, mais je n’avais pas l’intention de vo<strong>le</strong>r quoi que ce<br />

soit. J’allais tout rem<strong>et</strong>tre à sa famil<strong>le</strong>. Et puis, je me suis trouvé<br />

à court d’argent, <strong>et</strong>, mon Dieu, je savais que je n’aurais pas dû<br />

mais j’ai dépensé <strong>le</strong> sien. Je vous ferai toutes <strong>le</strong>s excuses que<br />

vous voudrez mais, je vous en prie, ne me tuez pas.<br />

— J’aimerais mieux que tu ne t’excuses pas, dit Gempachi<br />

qui paraissait en proie à un conflit affectif personnel.<br />

Il secoua tristement la tête, <strong>et</strong> continua :<br />

— ... Je suis allé enquêter à Fushimi. Tout concorde avec ce<br />

que tu m’as dit. Pourtant, il me faut rapporter quelque chose, en<br />

guise de consolation, à la famil<strong>le</strong> de Tenki. Je ne veux pas par<strong>le</strong>r<br />

d’argent. J’ai besoin de quelque chose qui prouve qu’il est<br />

vengé. Or il n’y a pas de coupab<strong>le</strong> : Tenki n’a pas été tué par une<br />

seu<strong>le</strong> personne. Alors, comment puis-je <strong>le</strong>ur rapporter la tête de<br />

son meurtrier ?<br />

— Je... je... je ne l’ai pas tué. Ne vous y trompez pas.<br />

— Je <strong>le</strong> sais bien. Mais sa famil<strong>le</strong> <strong>et</strong> ses amis ne savent pas<br />

qu’il a été attaqué <strong>et</strong> tué par de simp<strong>le</strong>s ouvriers. En outre, ce<br />

n’est pas <strong>le</strong> genre d’histoire qui lui ferait honneur. J’aurais<br />

horreur de devoir <strong>le</strong>ur dire la vérité. Aussi, bien que je <strong>le</strong><br />

regr<strong>et</strong>te pour toi, je crois qu’il va falloir que tu sois <strong>le</strong> coupab<strong>le</strong>.<br />

Ça m’aiderait si tu consentais à ce que je te tue.<br />

Se débattant dans ses liens, Matahachi cria :<br />

— Lâchez-moi ! Je ne veux pas mourir.<br />

— C’est tout naturel, mais envisage la question sous un<br />

autre ang<strong>le</strong>. Tu ne pourrais payer <strong>le</strong> saké que tu as bu. Cela veut<br />

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