14.12.2018 Views

La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

A l’intérieur de la sal<strong>le</strong> se dressait un temp<strong>le</strong> en miniature.<br />

Son toit était couvert de feuil<strong>le</strong>s de til<strong>le</strong>ul, <strong>et</strong> ses colonnes<br />

entrelacées de f<strong>le</strong>urs des champs. A l’intérieur de ce « temp<strong>le</strong> de<br />

f<strong>le</strong>urs », comme on l’appelait, se trouvait une statue noire, haute<br />

d’une soixantaine de centimètres, du Bouddha, désignant d’une<br />

main <strong>le</strong> ciel <strong>et</strong> de l’autre la terre. L’effigie reposait dans un<br />

bassin d’argi<strong>le</strong> peu profond, <strong>et</strong> <strong>le</strong>s fidè<strong>le</strong>s, en passant, lui<br />

versaient du thé sucré sur la tête avec une cuillère en bambou.<br />

Takuan se tenait auprès avec une provision supplémentaire du<br />

baume sacré dont il emplissait des tubes de bambou que <strong>le</strong>s<br />

fidè<strong>le</strong>s emportaient chez eux en guise de porte-bonheur. Tout en<br />

versant, il sollicitait <strong>le</strong>s offrandes :<br />

— Ce temp<strong>le</strong> est pauvre ; aussi, donnez <strong>le</strong> plus possib<strong>le</strong>.<br />

Vous surtout, <strong>le</strong>s riches... je sais qui vous êtes ; c’est vous qui<br />

portez ces bel<strong>le</strong>s soieries <strong>et</strong> ces obis brodées. Vous avez<br />

beaucoup d’argent. Vous devez avoir aussi beaucoup d’ennuis.<br />

Si vous nous versez un quintal d’argent pour votre thé, vos<br />

soucis pèseront un quintal de moins.<br />

De l’autre côté du temp<strong>le</strong> de f<strong>le</strong>urs, Otsū était assise à une<br />

tab<strong>le</strong> laquée de noir. Son visage rayonnait, rose pâ<strong>le</strong> comme <strong>le</strong>s<br />

f<strong>le</strong>urs qui l’entouraient. Portant son obi neuve, el<strong>le</strong> inscrivait<br />

des formu<strong>le</strong>s magiques sur des feuil<strong>le</strong>s de papier de cinq<br />

cou<strong>le</strong>urs ; el<strong>le</strong> maniait <strong>le</strong> pinceau avec adresse, <strong>et</strong> <strong>le</strong> trempait de<br />

temps à autre dans un encrier laqué d’or, à sa droite. El<strong>le</strong><br />

écrivait :<br />

Vif <strong>et</strong> zélé,<br />

En ce meil<strong>le</strong>ur des jours,<br />

Le huitième du quatrième mois,<br />

Donne du jugement à ces<br />

Insectes qui dévorent <strong>le</strong>s récoltes.<br />

Depuis des temps immémoriaux, l’on croyait dans c<strong>et</strong>te<br />

région que <strong>le</strong> fait d’accrocher au mur ce poème d’inspiration<br />

pratique était capab<strong>le</strong> de vous protéger non seu<strong>le</strong>ment contre<br />

<strong>le</strong>s insectes, mais encore contre la maladie <strong>et</strong> contre la<br />

malchance. Otsū recopia la même strophe des dizaines <strong>et</strong> des<br />

60

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!