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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Terrifié, <strong>le</strong> samouraï ne semblait guère tenir sur ses jambes.<br />

<strong>La</strong> férocité des yeux de Musashi ne se rencontrait pas souvent<br />

chez un être humain.<br />

— Qui êtes-vous ? demanda Musashi d’un ton tranchant.<br />

— Euh... je... je...<br />

— Cesse de bégayer. Qui êtes-vous ?<br />

— Je suis... je suis de la maison du seigneur Karasumaru<br />

Mitsuhiro.<br />

— Je suis Miyamoto Musashi ; mais que fait dans ces<br />

montagnes, en p<strong>le</strong>ine nuit, un membre de la suite du seigneur<br />

Karasumaru ?<br />

— Alors, vous êtes Musashi !<br />

Il soupira de soulagement. L’instant suivant, il dégringolait<br />

la montagne à tombeau ouvert, sa torche laissant derrière lui<br />

une traînée lumineuse. Musashi se détourna <strong>et</strong> poursuivit sa<br />

route à flanc de montagne.<br />

En arrivant au voisinage du Ginkakuji, <strong>le</strong> samouraï cria :<br />

— ... Kura, où es-tu ?<br />

— Nous sommes ici. Où êtes-vous ?<br />

Ce n’était pas la voix de Kura, un autre membre de la suite<br />

de Karasumaru, mais cel<strong>le</strong> de Jōtarō.<br />

— Jō-ta-rō ! C’est toi ?<br />

— Oui-i-i !<br />

— Monte vite ici !<br />

— Je ne peux pas. Otsū est incapab<strong>le</strong> de faire un pas de plus.<br />

Le samouraï jura entre ses dents, é<strong>le</strong>va la voix encore<br />

davantage <strong>et</strong> cria :<br />

— Venez vite ! J’ai trouvé Musashi ! Mu-sa-shi ! Si vous ne<br />

vous dépêchez pas, il va nous échapper !<br />

Jōtarō <strong>et</strong> Otsū étaient sur <strong>le</strong> sentier, quelque deux cents<br />

mètres plus bas ; il fallut un moment à <strong>le</strong>urs deux longues<br />

ombres, qui semblaient soudées l’une à l’autre, pour monter<br />

clopin-clopant jusqu’au samouraï. Il agitait sa torche pour <strong>le</strong>s<br />

faire se hâter ; au bout de quelques secondes, il entendit la<br />

respiration laborieuse d’Otsū. Son visage était plus blanc que la<br />

lune ; ses vêtements de voyage, sur la maigreur de ses bras <strong>et</strong> de<br />

ses jambes, paraissaient d’une absurdité cruel<strong>le</strong>. Mais quand la<br />

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