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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Cours aussi vite que tu peux. Va immédiatement chercher<br />

ton papa. Puis descends chercher onc<strong>le</strong> Gon au bord de la<br />

rivière ! Et vite !<br />

<strong>La</strong> voix d’Osugi chevrotait.<br />

Avant même que Heita n’atteignît <strong>le</strong> portail, une fou<strong>le</strong><br />

marmonnante de villageois arrivait. Parmi eux se trouvaient <strong>le</strong><br />

gendre d’Osugi, l’onc<strong>le</strong> Gon, d’autres parents <strong>et</strong> un certain<br />

nombre d’ouvriers agrico<strong>le</strong>s.<br />

— C<strong>et</strong>te fil<strong>le</strong>, Otsū, s’est enfuie el<strong>le</strong> aussi, non ?<br />

— Et Takuan a disparu éga<strong>le</strong>ment !<br />

— Drô<strong>le</strong>ment louche, si tu veux mon avis !<br />

— Ils étaient tous de mèche, pour sûr.<br />

— Je me demande ce que va faire la vieil<strong>le</strong>. L’honneur de sa<br />

famil<strong>le</strong> est en jeu !<br />

Le gendre <strong>et</strong> l’onc<strong>le</strong> Gon, portant des lances héritées de<br />

<strong>le</strong>urs ancêtres, écarquillaient des yeux hébétés. Avant de<br />

pouvoir faire quoi que ce fût il <strong>le</strong>ur fallait des directives ; aussi<br />

restaient-ils plantés là, anxieux, à attendre qu’Osugi parût <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong>ur donnât des ordres.<br />

— Grand-mère, finit par crier quelqu’un, n’avez-vous pas<br />

appris la nouvel<strong>le</strong> ?<br />

— J’arrive dans une minute, répondit-el<strong>le</strong>. Taisez-vous,<br />

tous, <strong>et</strong> attendez-moi.<br />

Osugi fut vite à la hauteur des circonstances. Quand el<strong>le</strong> se<br />

fut rendu compte que l’affreuse nouvel<strong>le</strong> devait être vraie, son<br />

sang ne fit qu’un tour, mais el<strong>le</strong> parvint à se dominer assez pour<br />

s’agenouil<strong>le</strong>r devant l’autel familial. Après avoir en si<strong>le</strong>nce<br />

formulé une prière de supplication, el<strong>le</strong> re<strong>le</strong>va la tête, rouvrit <strong>le</strong>s<br />

yeux <strong>et</strong> se r<strong>et</strong>ourna. Calmement, el<strong>le</strong> sortit d’un tiroir de<br />

l’armoire aux <strong>sabre</strong>s une arme qu’el<strong>le</strong> chérissait. Ayant déjà<br />

revêtu une tenue qui convenait à une chasse à l’homme, el<strong>le</strong><br />

glissa dans son obi <strong>le</strong> court <strong>sabre</strong>, <strong>et</strong> se rendit au vestibu<strong>le</strong> où<br />

el<strong>le</strong> laça bien serré ses sanda<strong>le</strong>s autour de ses chevil<strong>le</strong>s.<br />

Le si<strong>le</strong>nce respectueux qui l’accueillit lorsqu’el<strong>le</strong> s’approcha<br />

du portail montrait clairement que l’on savait pourquoi el<strong>le</strong> était<br />

ainsi habillée. <strong>La</strong> vieil<strong>le</strong> entêtée ne plaisantait pas ; el<strong>le</strong> était<br />

plus que disposée à venger l’insulte faite à sa maison.<br />

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