14.12.2018 Views

La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

— Oui, monsieur.<br />

— Vous vous nommez bien Miyamoto Musashi ?<br />

— Oui.<br />

— Sous la direction de qui avez-vous étudié <strong>le</strong>s arts<br />

martiaux ?<br />

— Je n’ai pas eu de maître au sens ordinaire du terme. Mon<br />

père m’a enseigné l’usage du bâton quand j’étais p<strong>et</strong>it. Depuis,<br />

j’ai emprunté un certain nombre d’éléments à des samouraïs<br />

plus âgés dans diverses provinces. J’ai aussi passé quelque<br />

temps à parcourir la campagne ; je considère que <strong>le</strong>s monts <strong>et</strong><br />

<strong>le</strong>s f<strong>le</strong>uves ont été mes maîtres, eux aussi.<br />

— Vous semb<strong>le</strong>z avoir l’attitude qu’il faut. Mais vous êtes si<br />

fort ! Beaucoup trop fort !<br />

Prenant cela pour un compliment, Musashi rougit <strong>et</strong> dit :<br />

— Oh ! non ! Je ne suis pas encore au point. Je n’arrête pas<br />

de comm<strong>et</strong>tre des erreurs.<br />

— Ce n’est pas ce que je voulais dire. Votre force constitue<br />

votre défaut. Il faut apprendre à la dominer, devenir plus faib<strong>le</strong>.<br />

— Plaît-il ? demanda Musashi, perp<strong>le</strong>xe.<br />

— Rappe<strong>le</strong>z-vous qu’il y a peu de temps vous avez traversé<br />

<strong>le</strong> jardin potager, où je travaillais.<br />

— Oui.<br />

— En me voyant, vous vous êtes écarté d’un bond, n’est-ce<br />

pas ?<br />

— Oui.<br />

— Pourquoi donc avez-vous fait cela ?<br />

— Mon Dieu, je ne sais pourquoi je me figurais que vous<br />

risquiez d’utiliser votre houe comme une arme pour m’en<br />

frapper <strong>le</strong>s jambes. Et puis, votre attention avait beau paraître<br />

concentrée sur la terre, je sentais que vos yeux me<br />

transperçaient <strong>le</strong> corps entier. Je sentais dans ce regard quelque<br />

chose de meurtrier, comme si vous cherchiez mon point faib<strong>le</strong>...<br />

pour l’attaquer.<br />

Le vieux se mit à rire.<br />

— C’était <strong>le</strong> contraire. Quand vous étiez encore à quinze<br />

mètres de moi, j’ai senti dans l’atmosphère ce que vous appe<strong>le</strong>z<br />

« quelque chose de meurtrier ». Je l’ai senti au bout de ma<br />

houe... voilà à quel point votre humeur combative <strong>et</strong> votre<br />

258

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!