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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Durant un moment, tous restèrent médusés, découragés.<br />

Puis une enquête <strong>le</strong>ur apprit que <strong>le</strong> samouraï avait bien pris <strong>le</strong><br />

dernier bateau. On <strong>le</strong>ur dit aussi que celui-ci venait de partir, <strong>et</strong><br />

n’arriverait pas avant un certain temps au prochain arrêt,<br />

Toyosaki. Les bateaux qui remontaient <strong>le</strong> courant vers Kyoto<br />

étaient <strong>le</strong>nts ; ils avaient amp<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> temps de l’attraper à<br />

Toyosaki sans même se presser.<br />

Sachant cela, ils prirent <strong>le</strong>ur temps pour boire du thé,<br />

manger des gâteaux de riz <strong>et</strong> des bonbons avant de se m<strong>et</strong>tre à<br />

grimper d’un pas vif la route qui longeait <strong>le</strong> f<strong>le</strong>uve. Devant eux,<br />

ce dernier ressemblait à un serpent d’argent qui s’éloignait en<br />

ondulant. Les rivières Nakatsu <strong>et</strong> Temma se réunissaient pour<br />

former <strong>le</strong> Yodo, <strong>et</strong> près de ce confluent une lumière clignotait au<br />

milieu du courant.<br />

— C’est <strong>le</strong> bateau ! s’écria l’un des hommes.<br />

Tous <strong>le</strong>s sept s’animèrent <strong>et</strong> oublièrent bientôt <strong>le</strong> froid<br />

mordant. Dans <strong>le</strong>s champs dénudés qui longeaient la route, des<br />

joncs desséchés, couverts de givre, scintillaient comme de fins<br />

<strong>sabre</strong>s d’acier. Le vent était glacial.<br />

Comme la distance qui <strong>le</strong>s séparait de la lumière flottante<br />

diminuait, ils purent voir <strong>le</strong> bateau fort distinctement ; bientôt,<br />

l’un des hommes, sans réfléchir, cria :<br />

— Hé, là-bas ! Ra<strong>le</strong>ntissez !<br />

— Et pourquoi donc ? répondit-on du bateau.<br />

Ennuyés de s’être fait remarquer, ses compagnons<br />

grondèrent l’indiscr<strong>et</strong>. De toute façon, <strong>le</strong> bateau s’arrêtait au<br />

débarcadère suivant ; c’était stupidité pure que de donner<br />

l’a<strong>le</strong>rte. Pourtant, maintenant que <strong>le</strong> mal était fait, chacun<br />

tomba d’accord que <strong>le</strong> mieux serait de réclamer <strong>le</strong> passager<br />

séance tenante.<br />

— Il est seul, <strong>et</strong> si nous ne <strong>le</strong> provoquons pas tout de suite, il<br />

risque d’avoir des soupçons, de sauter par-dessus bord <strong>et</strong> de<br />

s’échapper.<br />

S’avançant à la même allure que <strong>le</strong> bateau, ils appelèrent de<br />

nouveau ceux qui se trouvaient à bord. Une voix autoritaire,<br />

sans aucun doute cel<strong>le</strong> du capitaine, <strong>le</strong>ur demanda ce qu’ils<br />

voulaient.<br />

— Amenez <strong>le</strong> bateau à la berge !<br />

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