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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Devrons-nous avertir votre frère que nous envoyons c<strong>et</strong>te<br />

l<strong>et</strong>tre ?<br />

— Pas vous, non ! Je <strong>le</strong> ferai moi-même.<br />

Tandis qu’il s’éloignait vers la chambre de Seijūrō, <strong>le</strong>s autres<br />

priaient pour qu’il n’y eût pas de nouveau heurt entre <strong>le</strong>s deux<br />

frères ; sur la question de Musashi, aucun des deux n’avait<br />

bougé d’un pouce. Au bout d’un moment, n’entendant pas<br />

é<strong>le</strong>ver la voix, <strong>le</strong>s élèves abordèrent la question du temps <strong>et</strong> du<br />

lieu de ce deuxième affrontement avec <strong>le</strong>ur mortel ennemi.<br />

Alors r<strong>et</strong>entit la voix de Denshichirō :<br />

— Ueda ! Miike ! Otaguro... vous tous ! Venez ici !<br />

Denshichirō, debout au milieu de la sal<strong>le</strong>, avait l’air sombre<br />

<strong>et</strong> <strong>le</strong>s larmes aux yeux. Nul ne l’avait jamais vu ainsi.<br />

— ... J<strong>et</strong>ez un coup d’œil à ceci, vous tous.<br />

Il brandissait une longue, longue l<strong>et</strong>tre en disant avec une<br />

colère forcée :<br />

— ... Voyez ce qu’a encore fait mon imbéci<strong>le</strong> de frère. Il a<br />

fallu qu’il me répète ce qu’il pensait, mais il est parti pour de<br />

bon... sans même dire où il allait.<br />

L’amour d’une mère<br />

Otsū posa son ouvrage de couture, <strong>et</strong> cria :<br />

— Qui est là ?<br />

El<strong>le</strong> fit glisser <strong>le</strong> shoji pour l’ouvrir sur la véranda, mais il<br />

n’y avait personne. Son humeur s’assombrit. El<strong>le</strong> avait espéré<br />

que c’était Jōtarō. El<strong>le</strong> avait maintenant plus que jamais besoin<br />

de lui.<br />

Encore un jour de solitude complète. El<strong>le</strong> ne pouvait fixer<br />

son esprit sur son travail d’aiguil<strong>le</strong>.<br />

Ici, sous Kiyomizudera, au pied de la colline de Sannen, <strong>le</strong>s<br />

rues étaient sordides ; mais, derrière <strong>le</strong>s maisons <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

boutiques, il y avait des bosqu<strong>et</strong>s de bambous <strong>et</strong> de p<strong>et</strong>its<br />

champs, des camélias épanouis <strong>et</strong> des f<strong>le</strong>urs de prunier qui<br />

commençaient à tomber. Osugi aimait beaucoup c<strong>et</strong>te auberge.<br />

El<strong>le</strong> y descendait chaque fois qu’el<strong>le</strong> était à Kyoto, <strong>et</strong> l’aubergiste<br />

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