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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Seijūrō s’émerveillait. Voilà une fil<strong>le</strong> qui paraissait avoir<br />

seize ans, avec des lèvres que nul n’avait jamais baisées, <strong>et</strong> un<br />

œil affolé de timidité ; pourtant, el<strong>le</strong> engloutissait son saké tout<br />

comme un homme. Dans ce corps minuscu<strong>le</strong>, où cela allait-il ?<br />

— Vous feriez bien de renoncer, maintenant, dit Okō à<br />

Seijūrō. Je ne sais pourquoi, c<strong>et</strong>te enfant est capab<strong>le</strong> de boire<br />

toute la nuit sans s’enivrer. Le mieux, c’est de la laisser jouer du<br />

shamisen.<br />

— Mais c’est drô<strong>le</strong> ! dit Seijūrō qui maintenant s’amusait<br />

bien.<br />

Sentant quelque chose de bizarre dans sa voix, Tōji lui<br />

demanda :<br />

— Tout va bien ? Vous êtes sûr de n’en avoir pas trop pris ?<br />

— Quel<strong>le</strong> importance ? Dis, Tōji, il se peut que je ne rentre<br />

pas, c<strong>et</strong>te nuit !<br />

— Très bien, répondit Tōji. Vous pouvez rester autant de<br />

nuits que vous <strong>le</strong> souhaitez... n’est-ce pas, Akemi ?<br />

Tōji cligna de l’œil à Okō puis la mena dans une autre pièce<br />

où il se mit à chuchoter rapidement. Il dit à Okō que <strong>le</strong> Jeune<br />

Maître était de si bonne humeur qu’il voudrait sûrement passer<br />

la nuit avec Akemi, <strong>et</strong> que cela ferait des histoires si Akemi<br />

refusait ; mais que, bien entendu, <strong>le</strong> cœur d’une mère passait<br />

avant tout dans des cas tels que celui-ci...en d’autres termes,<br />

c’était combien ?<br />

— ... Alors ? demanda Tōji sans détours.<br />

Okō porta <strong>le</strong> doigt à sa joue poudrée à frimas, <strong>et</strong> réfléchit.<br />

— Décidez-vous ! insista Tōji.<br />

Se rapprochant d’el<strong>le</strong>, il ajouta :<br />

— ... Ce n’est pas un mauvais parti, vous savez. C’est un<br />

maître célèbre qui enseigne <strong>le</strong>s arts martiaux, <strong>et</strong> sa famil<strong>le</strong> rou<strong>le</strong><br />

sur l’or. Son père avait plus de discip<strong>le</strong>s que n’importe qui<br />

d’autre dans <strong>le</strong> pays. Plus : il n’est pas encore marié. De quelque<br />

manière qu’on l’envisage, il s’agit d’une offre intéressante.<br />

— Je <strong>le</strong> crois aussi, mais...<br />

— Mais rien. Marché conclu ! Nous passons tous deux la<br />

nuit.<br />

<strong>La</strong> chambre n’était pas éclairée, <strong>et</strong> Tōji posa négligemment<br />

la main sur l’épau<strong>le</strong> d’Okō. A c<strong>et</strong> instant précis, un bruit vio<strong>le</strong>nt<br />

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