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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Ha ! ha ! Qu’est-ce que ça peut te faire ? Ce n’est pas de<br />

toi qu’ils par<strong>le</strong>nt.<br />

— Eh bien, ça me fait de la peine pour vous. Ecoutez : <strong>le</strong> fils<br />

du pap<strong>et</strong>ier, <strong>le</strong> fils du tonnelier <strong>et</strong> quelques autres jeunes gens se<br />

réunissent quelquefois derrière la boutique du marchand de<br />

laque pour s’exercer au <strong>sabre</strong>. Pourquoi ne vous battez-vous pas<br />

avec l’un d’entre eux pour <strong>le</strong> vaincre ?<br />

— Bon. Si c’est là ce que tu veux, je <strong>le</strong> ferai.<br />

Musashi trouvait diffici<strong>le</strong> de refuser à l’enfant ce qu’il<br />

demandait, en partie parce que lui-même était à maints égards<br />

encore un enfant, capab<strong>le</strong> de comprendre Jōtarō. Il recherchait<br />

sans cesse, inconsciemment, quelque chose qui remplaçât<br />

l’affection familia<strong>le</strong> qui avait manqué à sa propre enfance.<br />

— ... Parlons d’autre chose, dit-il. C’est moi qui vais te poser<br />

une question, pour changer. Où es-tu né ?<br />

— A Himeji.<br />

— Ah ! alors, tu es du Harima.<br />

— Oui, <strong>et</strong> vous de Mimasaka, n’est-ce pas ? On me l’a dit.<br />

— C’est vrai. Que fait ton père ?<br />

— Il était samouraï. Un vrai samouraï bien loyal !<br />

D’abord, Musashi eut l’air étonné ; mais en réalité c<strong>et</strong>te<br />

réponse expliquait plusieurs choses, en particulier pourquoi<br />

l’enfant avait appris à si bien écrire. Musashi demanda <strong>le</strong> nom<br />

du père.<br />

— Il s’appel<strong>le</strong> Aoki Tanzaemon. Il avait un traitement de<br />

vingt-cinq mil<strong>le</strong> boisseaux de riz ; mais quand j’ai eu sept ans, il<br />

a quitté <strong>le</strong> service de son seigneur pour venir à Kyoto en tant<br />

que rōnin. Une fois que tout son argent a été dépensé, il m’a<br />

laissé chez <strong>le</strong> marchand de saké, <strong>et</strong> s’est fait moine dans un<br />

temp<strong>le</strong>. Mais je ne veux pas rester à la boutique. Je veux devenir<br />

un samouraï comme était mon père, <strong>et</strong> apprendre l’escrime<br />

comme vous. N’est-ce pas <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur moyen ?<br />

L’enfant fit une pause, puis reprit avec enthousiasme :<br />

— ... Je veux devenir votre discip<strong>le</strong> : parcourir <strong>le</strong> pays en<br />

étudiant auprès de vous. Vous ne vou<strong>le</strong>z pas me prendre pour<br />

élève ?<br />

Ayant révélé ses intentions, Jōtarō prit une expression têtue<br />

qui reflétait clairement sa détermination à ne pas essuyer un<br />

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