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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Shōyū devait connaître son onc<strong>le</strong> par la nob<strong>le</strong> Maison de<br />

Konoe, songea Musashi qui commençait à deviner <strong>le</strong>s liens<br />

étroits qui unissaient <strong>le</strong>s riches marchands <strong>et</strong> <strong>le</strong>s courtisans du<br />

palais.<br />

Sans plus attendre, <strong>le</strong> sémillant vieux marchand déclara :<br />

— ... En route. J’avais formé <strong>le</strong> proj<strong>et</strong> d’y al<strong>le</strong>r pendant qu’il<br />

faisait jour encore, ce qui nous aurait permis de marcher. Mais<br />

comme il fait déjà sombre, je crois que nous devrions prendre<br />

des palanquins. Ce jeune homme vient avec nous, je présume.<br />

On fit venir des palanquins, <strong>et</strong> tous trois partirent, Shōyū <strong>et</strong><br />

Kō<strong>et</strong>su devant, Musashi derrière. C’était la première fois de sa<br />

vie qu’il en prenait un.<br />

Le temps d’arriver au manège de Yanagi, déjà <strong>le</strong>s porteurs<br />

soufflaient une ha<strong>le</strong>ine blanche.<br />

— Oh ! quel froid ! gémit l’un d’eux.<br />

— Le vent est mordant, tu ne trouves pas ?<br />

— Et on prétend que nous sommes au printemps !<br />

Leurs trois lanternes se balançaient, clignotant au vent. De<br />

sombres nuages menaçaient d’un temps pire encore avant la fin<br />

de la nuit. Au-delà du manège, <strong>le</strong>s lumières de la vil<strong>le</strong> brillaient<br />

avec une sp<strong>le</strong>ndeur éblouissante. El<strong>le</strong>s faisaient à Musashi<br />

l’eff<strong>et</strong> d’un gros essaim de lucio<strong>le</strong>s scintillant gaiement dans la<br />

brise froide <strong>et</strong> pure.<br />

— Musashi ! appela Kō<strong>et</strong>su du palanquin du milieu. C’est làbas<br />

que nous allons. Ça fait grand eff<strong>et</strong> de tomber brusquement<br />

là-dessus, vous ne trouvez pas ?<br />

Il expliqua que jusque trois ans plus tôt, <strong>le</strong> quartier réservé<br />

se trouvait situé avenue Nijō, près du palais ; alors, <strong>le</strong> juge<br />

Itakura Katsushige l’avait fait déplacer car <strong>le</strong>s chants <strong>et</strong> <strong>le</strong>s<br />

beuveries nocturnes constituaient un fléau. Il ajouta que tout <strong>le</strong><br />

quartier était florissant, <strong>et</strong> que toutes <strong>le</strong>s nouvel<strong>le</strong>s modes<br />

naissaient entre ces rangées de lumières.<br />

— ... On pourrait presque dire que toute une culture<br />

nouvel<strong>le</strong> a été créée là.<br />

S’étant arrêté quelques instants l’oreil<strong>le</strong> tendue, il ajouta :<br />

— ... Vous entendez ? Le son des cordes <strong>et</strong> des chants ?<br />

Jamais encore Musashi n’avait entendu ce genre de<br />

musique.<br />

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