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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— ... Vous vou<strong>le</strong>z écrire « pommes de terre » ? Le caractère<br />

que vous avez tracé veut dire « perche ».<br />

— Si<strong>le</strong>nce !<br />

— Je ne dirai pas un mot, si vous y tenez. Mais votre<br />

écriture est affreuse. Avez-vous l’intention d’envoyer à vos amis<br />

des pommes de terre ou des perches ?<br />

— Des pommes de terre.<br />

Le garçon poursuivit sa <strong>le</strong>cture, puis décréta :<br />

— Ça ne vaut rien. Personne d’autre que vous ne pourrait<br />

deviner ce que c<strong>et</strong>te l<strong>et</strong>tre veut dire !<br />

— Eh bien, puisque tu es si malin, vois donc ce que tu peux<br />

en faire.<br />

— Bon. Dites-moi seu<strong>le</strong>ment ce que vous vou<strong>le</strong>z écrire.<br />

Jōtarō s’assit <strong>et</strong> prit <strong>le</strong> pinceau.<br />

— Espèce d’âne maladroit ! s’écria <strong>le</strong> vieux.<br />

— Pourquoi me traiter de maladroit ? C’est vous qui ne<br />

savez pas écrire !<br />

— Ton nez cou<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> papier.<br />

— Oh ! pardon. Vous pouvez me donner c<strong>et</strong>te feuil<strong>le</strong> pour<br />

ma peine.<br />

Il se moucha dans la feuil<strong>le</strong> souillée.<br />

— ... Et maintenant, qu’est-ce que vous vou<strong>le</strong>z dire ?<br />

Tenant <strong>le</strong> pinceau d’une main ferme, il écrivit avec aisance<br />

sous la dictée du vieil homme.<br />

Au moment précis où il achevait la l<strong>et</strong>tre, <strong>le</strong> pensionnaire<br />

rentra ; il rej<strong>et</strong>a négligemment un sac à charbon de bois qu’il<br />

avait ramassé quelque part pour s’en protéger la tête.<br />

Musashi, s’arrêtant sur <strong>le</strong> seuil, tordit ses manches pour en<br />

exprimer l’eau, <strong>et</strong> grommela :<br />

— Je pense que ça va être la fin des f<strong>le</strong>urs de prunier.<br />

Depuis la vingtaine de jours que Musashi se trouvait là, il en<br />

était venu à se sentir chez lui dans l’auberge. Il regardait l’arbre,<br />

à côté du portail de devant, dont <strong>le</strong>s f<strong>le</strong>urs roses avaient réjoui<br />

sa vue chaque matin depuis son arrivée. Les péta<strong>le</strong>s jonchaient<br />

la boue.<br />

En entrant dans la cuisine, il eut la surprise d’apercevoir <strong>le</strong><br />

garçon du marchand de saké en tête à tête avec l’aubergiste.<br />

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