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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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<strong>La</strong> vengeance de Jōtarō<br />

De r<strong>et</strong>our à l’auberge, Jōtarō s’assit devant Musashi, <strong>et</strong> d’un<br />

air content de soi rapporta qu’il avait accompli sa mission.<br />

Plusieurs égratignures zébraient la face de l’enfant, dont <strong>le</strong> nez<br />

ressemblait à une fraise bien mûre. Il souffrait sans nul doute ;<br />

mais comme il ne donnait aucune explication Musashi ne posa<br />

aucune question.<br />

— Voici <strong>le</strong>ur réponse, dit Jōtarō en tendant à Musashi la<br />

l<strong>et</strong>tre de Shōda Kizaemon.<br />

Et il ajouta quelques mots sur sa rencontre avec <strong>le</strong><br />

samouraï, mais sans souff<strong>le</strong>r mot du chien. Tandis qu’il parlait,<br />

ses b<strong>le</strong>ssures se remirent à saigner.<br />

— Vous n’avez plus besoin de moi ? demanda-t-il.<br />

— Non, je n’ai plus besoin de toi. Merci.<br />

Tandis que Musashi ouvrait la l<strong>et</strong>tre de Kizaemon, Jōtarō<br />

quitta la pièce en hâte, <strong>le</strong>s mains sur la figure. Kocha <strong>le</strong> rattrapa,<br />

<strong>et</strong> examina ses égratignures d’un œil inqui<strong>et</strong>.<br />

— Qu’est-ce qui t’arrive ? demanda-t-el<strong>le</strong>.<br />

— Un chien m’a sauté dessus.<br />

— Le chien de qui ?<br />

— L’un des chiens du château.<br />

— Oh ! c’était ce gros chien de meute noir, Kishū ? Il est<br />

méchant. Je suis sûre que malgré ta force, tu n’as pu en venir à<br />

bout. Pense donc, il a mordu à mort des rôdeurs !<br />

Ils avaient beau n’être pas dans <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>urs termes, Kocha<br />

<strong>le</strong> conduisit au ruisseau, derrière l’auberge, <strong>et</strong> lui fit se laver <strong>le</strong><br />

visage. Puis el<strong>le</strong> alla chercher de l’onguent qu’el<strong>le</strong> appliqua.<br />

Pour une fois, Jōtarō se conduisit en gentilhomme. Quand el<strong>le</strong><br />

eut fini de <strong>le</strong> soigner, il s’inclina <strong>et</strong> se confondit en<br />

remerciements.<br />

— ... Arrête ces courb<strong>et</strong>tes. Tu es un homme, après tout, <strong>et</strong><br />

c’est ridicu<strong>le</strong>.<br />

— Mais je te suis reconnaissant de ce que tu as fait.<br />

— Même si nous nous disputons pas mal, je t’aime bien,<br />

avoua-t-el<strong>le</strong>.<br />

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