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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Le coude droit entre son propre visage <strong>et</strong> celui de Kojirō, il<br />

était prêt à dégainer <strong>et</strong> à frapper. Kojirō <strong>le</strong> considéra avec un<br />

mépris souriant.<br />

— Si je comprends bien, mes propos vous déplaisent.<br />

— Euh...<br />

— Dans ce cas je regr<strong>et</strong>te, dit gaiement Kojirō. Je n’essaierai<br />

plus de vous aider.<br />

— D’abord, personne ne vous a demandé votre aide.<br />

— Ce n’est pas tout à fait exact. Si vous n’aviez pas besoin de<br />

mon assistance, pourquoi donc étiez-vous aussi aimab<strong>le</strong>s envers<br />

moi ? Vous, Seijūrō, vous tous !<br />

— Simp<strong>le</strong> politesse envers un hôte. Vous ne vous prenez pas<br />

pour peu de chose, n’est-ce pas ?<br />

— Ha ! ha ! ha ! ha ! Brisons là, avant que je ne sois obligé<br />

de me battre contre vous tous. Mais je vous préviens, si vous ne<br />

tenez pas compte de ma prophétie, vous <strong>le</strong> regr<strong>et</strong>terez ! J’ai<br />

comparé de mes propres yeux <strong>le</strong>s deux hommes, <strong>et</strong> je dis que <strong>le</strong>s<br />

risques de défaite de Seijūrō sont accablants. Musashi se<br />

trouvait au pont de l’avenue Gojō, <strong>le</strong> matin du Jour de l’An. Dès<br />

que je l’ai vu, j’ai compris qu’il y avait danger. Selon moi, c<strong>et</strong><br />

écriteau que vous avez placardé ressemb<strong>le</strong> plutôt à un faire-part<br />

de deuil pour la Maison de Yoshioka. C’est bien triste, mais il<br />

paraît dans l’ordre des choses que <strong>le</strong>s gens ne s’aperçoivent<br />

jamais qu’ils sont finis.<br />

— Assez ! Pourquoi être venu pour dire ça ?<br />

Le ton de Kojirō devint offensant :<br />

— Les gens qui déclinent refusent toujours d’accepter pour<br />

ce qu’il est un acte de bienveillance, c’est bien connu. Al<strong>le</strong>z !<br />

Croyez ce que bon vous semb<strong>le</strong> ! Vous n’aurez même pas besoin<br />

d’attendre ce soir. Vous saurez dans une heure au plus à quel<br />

point vous vous trompez.<br />

Jūrōzaemon cracha sur Kojirō. Quarante hommes<br />

s’avancèrent d’un pas ; <strong>le</strong>ur colère rayonnait sombrement sur <strong>le</strong><br />

champ.<br />

Kojirō eut une réaction p<strong>le</strong>ine d’assurance. S’écartant<br />

rapidement d’un bond, il manifesta par son attitude que s’ils<br />

cherchaient à se battre, il était prêt. <strong>La</strong> bonne volonté dont il<br />

avait précédemment fait montre paraissait maintenant un<br />

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