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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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Ici, comme Takezō ouvrait des yeux incrédu<strong>le</strong>s, Matahachi<br />

éclata d’un gros rire. Une fois calmé, il poursuivit :<br />

— ... Tu es plus en sûr<strong>et</strong>é dehors, en p<strong>le</strong>in air, que tapi dans<br />

<strong>le</strong> bûcher à gu<strong>et</strong>ter <strong>le</strong>s bruits de pas <strong>et</strong> à devenir fou. Voilà ce<br />

que j’ai essayé de te faire comprendre.<br />

A nouveau, Matahachi fut repris de fou rire, <strong>et</strong> Takezō<br />

haussa <strong>le</strong>s épau<strong>le</strong>s.<br />

— Sans doute as-tu raison. C’est peut-être <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur parti à<br />

prendre.<br />

Il avait beau conserver ses doutes, après c<strong>et</strong>te conversation<br />

il se transféra dans la maison. Okō, qui de toute évidence aimait<br />

la compagnie, surtout cel<strong>le</strong> des hommes, <strong>le</strong>s mit parfaitement à<br />

l’aise. Pourtant, de temps à autre, el<strong>le</strong> <strong>le</strong>s faisait sursauter en<br />

suggérant que l’un d’eux épousât Akemi. Cela paraissait troub<strong>le</strong>r<br />

Matahachi plus que Takezō qui se contentait d’ignorer la<br />

suggestion, ou l’écartait d’une plaisanterie.<br />

C’était la saison des matsutaké charnus <strong>et</strong> parfumés qui<br />

poussent au pied des pins, <strong>et</strong> Takezō se risqua à al<strong>le</strong>r cueillir ces<br />

gros champignons sur la montagne boisée, juste derrière la<br />

maison. Akemi, un panier à la main, <strong>le</strong>s cherchait d’arbre en<br />

arbre. Chaque fois qu’el<strong>le</strong> discernait <strong>le</strong>ur odeur, sa voix<br />

innocente résonnait à travers <strong>le</strong> bois :<br />

— Takezō, par ici ! Il y en a des tas !<br />

Tout en prospectant dans <strong>le</strong>s parages, il répondait<br />

invariab<strong>le</strong>ment :<br />

— Il y en a des quantités par ici aussi.<br />

A travers <strong>le</strong>s branches de pins, <strong>le</strong> so<strong>le</strong>il automnal descendait<br />

vers eux en fins rayons inclinés. Le tapis d’aiguil<strong>le</strong>s de pins, sous<br />

<strong>le</strong> frais abri des arbres, était d’un rose tendre <strong>et</strong> poudreux.<br />

Quand ils étaient fatigués, Akemi <strong>le</strong> m<strong>et</strong>tait au défi avec un p<strong>et</strong>it<br />

rire :<br />

— Voyons <strong>le</strong>quel en a <strong>le</strong> plus !<br />

— C’est moi, répliquait-il avec suffisance, sur quoi el<strong>le</strong><br />

entreprenait d’inspecter son panier.<br />

Ce jour-là ne différait en rien des autres.<br />

— Haha ! Je m’en doutais ! criait-el<strong>le</strong>.<br />

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