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La pierre et le sabre - Eiji Yoshikawa

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— Que c’est beau ! s’exclama Otsū en s’arrêtant pour<br />

contemp<strong>le</strong>r <strong>le</strong> large globe doré.<br />

El<strong>le</strong> paraissait p<strong>le</strong>ine d’espoir <strong>et</strong> de bonne humeur. C’était<br />

l’un de ces merveil<strong>le</strong>ux instants où tous <strong>le</strong>s êtres vivants, même<br />

<strong>le</strong>s animaux <strong>et</strong> <strong>le</strong>s plantes, doivent éprouver plaisir <strong>et</strong> fierté à<br />

vivre ici-bas.<br />

— Nous sommes <strong>le</strong>s tout premiers sur la route, dit Jōtarō<br />

avec une satisfaction visib<strong>le</strong>. Personne devant nous.<br />

— Tu parais t’en vanter. Quel<strong>le</strong> importance ?<br />

— C’est très important pour moi.<br />

— Crois-tu que ça rendra la route plus courte ?<br />

— Oh ! ce n’est pas ça. Seu<strong>le</strong>ment c’est agréab<strong>le</strong> d’être <strong>le</strong><br />

premier, même sur la route. Reconnaissez que ça vaut mieux<br />

que d’être à la traîne derrière des palanquins ou des chevaux.<br />

— C’est vrai.<br />

— Quand il n’y a personne d’autre que moi sur la route, j’ai<br />

l’impression qu’el<strong>le</strong> m’appartient.<br />

— Dans ce cas, pourquoi ne pas faire semblant d’être un<br />

grand samouraï à cheval, en train de surveil<strong>le</strong>r tes vastes<br />

domaines. Je serai ta suite.<br />

El<strong>le</strong> ramassa une tige de bambou qu’el<strong>le</strong> agita<br />

cérémonieusement en criant d’un ton de psalmodie :<br />

— ... Prosternez-vous, tous ! Prosternez-vous devant Sa<br />

Seigneurie !<br />

De sous l’auvent d’une maison de thé, un homme j<strong>et</strong>a un<br />

coup d’œil interrogateur. Surprise à ce jeu d’enfant, Otsū rougit<br />

<strong>et</strong> continua rapidement sa route.<br />

— Vous ne pouvez pas faire ça, protesta Jōtarō. Vous ne<br />

devez pas fuir la présence de votre maître. Si vous <strong>le</strong> faites, il me<br />

faudra vous m<strong>et</strong>tre à mort !<br />

— Je n’ai plus envie de jouer.<br />

— C’est vous qui jouiez, pas moi.<br />

— Oui, mais tu avais commencé. Mon Dieu ! L’homme du<br />

salon de thé continue à nous regarder. Il doit nous trouver<br />

stupides.<br />

— R<strong>et</strong>ournons-y.<br />

— Pour quoi faire ? J’ai faim.<br />

— Déjà ?<br />

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